Des gamins jeunes en cuisine, d’autres au service dans la salle du restaurant d’application de l’AGEPAC… Impossible de connaître leur parcours et de savoir qu’ils viennent tout juste d’intégrer l’opération «Narisome», destinée à des jeunes en grande difficulté.
L’objectif de ce dispositif est de prendre des adolescents et de jeunes adultes de 15 à 25 ans très éloignés de l’emploi et de la formation pour les amener à définir un projet professionnel réalisable. «Ce sont des jeunes qui sont à un niveau CAP, 5e voire parfois CM2. Certains ont été déscolarisés très tôt pour différentes raisons mais le résultat est qu’ils sont souvent dans la rue, sans compétences de base pour trouver du travail», explique Catherine Charlet, la coordinatrice du projet Narisome à l’AGEPAC.
Ces jeunes sont sélectionnés après un petit test car la formation ne peut pas accepter des gamins totalement illettrés. «On juge surtout la volonté du jeune à s’en sortir. Quelqu’un qui nous dit: ‘Je ne veux plus être dans la rue à ne rien faire, je veux que ma vie aille mieux’, on va le prendre», confie Catherine Charlet.
Ces jeunes très fragilisés vont donc imaginer un projet professionnel qui va déboucher sur une formation effective et la possibilité d’un emploi. «Ça marche par promotion de 28 jeunes. La formation dure 4 mois et commence par un projet collectif pour que le groupe apprenne à se connaître et pour que tous prennent conscience qu’ils savent faire des choses», explique Catherine Charlet. Car ces jeunes ont une image d’eux-mêmes très dégradée.
Valoriser ces jeunes
«Personne ne sait rien faire. On a tous des gestes, des savoirs, des savoir-faire…» insiste Catherine Charlet. Rapidement, ces jeunes vont donc prendre de l’assurance et commencer à explorer, en fonction de leur capacité, les professions qui peuvent s’offrir à eux.
«On leur fait découvrir des métiers, dans la restauration, l’hôtellerie, l’aide à la personne… Mais attention, ils ne sont pas spectateurs. Ils sont acteurs, ils sont très vite mis en situation pour comprendre ce que représente ce travail». En cuisine, ils sont donc aux fourneaux. Au restaurant, ils sont effectivement au service…
Au bout des 4 mois de formation, ceux qui douteraient encore de leur voie pourront disposer de 2 mois supplémentaires pour trouver la bonne filière, avec la possibilité de se former, grâce à LADOM, en dehors de Mayotte.
Nouvelle étape
«On a imaginé ce projet sur 2 ans avec une promo qui sortirait tous les 2 mois», explique Catherine Charlet. Et il a été conçu pour fonctionner avec les Fonds Européens. L’Europe finance ainsi 92% du dispositif, le complément étant apporté par la DIECCTE et la DJSCS. Et ses résultats seront analysés très régulièrement.
«On est dans la continuité de ce que fait «Apprentis d’Auteuil» qui propose des formations depuis 1996 à Mayotte. Là, ce qui est nouveau, c’est qu’on va aussi travailler avec les familles pour que les jeunes se sentent entourés. On est persuadé que c’est une des clés pour avoir un bon taux de réussite».
Finalement, le dispositif vise donc à lever tous les freins pour permettre à ces jeunes de construire bien plus qu’un parcours professionnel, une nouvelle étape de leur vie.
RR
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