Lorsque des pilotes de kwassas sont jugés par le tribunal correctionnel de Mayotte, impossible de savoir à l’avance les peines qui vont tomber. Si le parquet est constant dans ses réquisitions (fonction du nombre de passagers transportés et des antécédents du pilote), les peines prononcées par les magistrats sont très variables. Elles n’offrent pas une réelle lisibilité à l’action de la justice française dans ces affaires pourtant sensibles, humainement autant que du point de vue symbolique.
Ainsi, les pilotes interpellés s’en tirent parfois avec une simple interdiction du territoire français et une reconduite à la frontière. On a également vu des peines de prison ferme pouvant aller jusqu’à… 4 ans!
Mercredi, l’affaire était un peu particulière. Il s’agissait d’évoquer les 4 kwassas interceptés en même temps dans la nuit de dimanche à lundi. Si les embarcations avaient fait ensemble la traversée depuis Anjouan (Comores), la police de l’air et aux frontières (PAF) a assuré ces interceptions en deux temps. Deux premières barques ont été arraisonnés tandis que les deux autres repartaient vers le large avant d’être interceptées 3 heures plus tard alors qu’elles pénétraient à nouveau dans le lagon.
Prison ferme pour le guetteur
Trois pilotes comparaissaient en situation de récidive. Depuis 2010, ils auraient fait transiter pas moins de 2.500 personnes entre les Comores et Mayotte. Mais c’est la personnalité et le rôle du 4e prévenu qui était intéressant. Il s’agissait de «la sonnette», également appelé le guetteur, l’homme chargé de prévenir les bateaux d’éventuels mouvement de forces de l’ordre sur le lagon.
Son numéro de portable a été retrouvé sur le téléphone d’un des conducteurs. Il a été arrêté quelques heures après les voyageurs. Au final, les pilotes sont condamnés à des peines allant de 6 à 8 mois de prison ferme et une interdiction de territoire français pendant 3 ans. Quant au guetteur, pourtant inconnu de la police et de la justice, il écope d’une peine deprison ferme. Pour lui, ça sera 6 mois.
Fou du volant
Autre comparution immédiate, ce vendredi. Cette fois-ci, il s’agissait de l’affaire du rodéo de Kawéni de mercredi. Il était quasiment 17h30 lorsqu’un homme est arrêté au volant de sa fourgonnette-plateau par la police pour un banal contrôle de sécurité routière et d’identité à la hauteur du garage Peugeot (SMCI). A bord du véhicule, se trouvent également un autre homme et une femme enceinte, pris en stop quelques minutes plus tôt.
Le conducteur se range sur le bas-côté mais alors que les policiers s’approchent, il appuie sur l’accélérateur et repart en trombe. Cela s’appelle un refus d’obtempérer. C’est le début d’une invraisemblable course poursuite, comme à la télé ou au cinéma avec pour décor les routes de Kawéni, particulièrement chargées en cette fin d’après-midi.
4 mois ferme
L’homme prend d’abord le rond-point Méga à contre-sens et fonce dans la route parallèle à la nationale, poursuivi par une puis deux voitures de police.
Arrivé à hauteur du tribunal, une voiture de gendarmerie comprend qu’il se passe quelque chose d’anormal et tente de lui barrer la route. En vain. L’homme fonce finalement sur des policiers avant de parvenir à prendre la fuite vers Koungou.
Mais c’est sa camionnette qui ne va pas supporter la cavalcade. Vers Trévani, le moteur rend l’âme et les forces de l’ordre parviennent interpeller le conducteur. C’est un gendarme, entré par une fenêtre du véhicule, qui arrache les clés au pilote et met fin à la fuite.
Dans la salle d’audience, policiers et gendarmes sont venus assister à l’audience qui doit décider du sort réservé à cet homme sans titre de séjour, sans permis de conduire et sans assurance… Les trois raisons qu’il avance pour justifier sa cavale.
Il est finalement condamné à 1 an de prison dont 8 mois avec sursis. Quant à la camionnette, où du moins ce qu’il en reste, elle est tout simplement confisquée.
RR
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