De mémoire de soignant, c’est la première fois qu’un cas de légionellose est repéré au centre hospitalier de Mayotte. Selon nos informations, un homme a été hospitalisé, sérieusement malade, et le laboratoire du CHM l’a diagnostiqué porteur de la bactérie responsable de la «maladie du légionnaire», l’autre nom de cette pathologie.
Rien ne prédisposait ce patient à rejoindre notre hôpital. Ce marin travaillait en effet sur un thonier dans les eaux de l’archipel des Seychelles lorsqu’il a développé les premiers signes de la maladie le 5 mars dernier : il avait de plus en plus de difficultés à respirer et était atteint d’une température de près de 40°.
Dans ce genre de cas, les équipages des navires font appels à des centres spécialisés qui établissent des diagnostics à distance. Ce bateau de pêche a logiquement contacté le Centre de consultation médical maritime (CCMM) de l’hôpital Purpan de Toulouse. Il a ainsi reçu des premiers traitements sans pour autant qu’un diagnostic puisse être établi avec certitude. Mercredi, le 9 mars, son état s’aggrave brutalement avec, en particulier l’apparition de vomissements.
Décision est prise de dérouter son bateau vers Mayotte pour disposer d’une offre médicale efficiente. Le CROSS (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage) et le Samu 976 préparent sa prise en charge et il est évacué vers l’hôpital dès l’arrivée du navire. Finalement, le CHM va donc diagnostiquer une légionellose.
La maladie de l’eau tiède
Cette maladie est donc tout à fait exceptionnelle chez nous et très rare à La Réunion où seulement 7 cas ont été diagnostiqués en 2015.
La contamination a lieu par inhalation de gouttelettes d’eau contenant des bactéries, en prenant une douche par exemple. En effet, la bactérie se développe principalement dans les eaux dont la température est comprise entre 25 et 47°C. C’est la raison pour laquelle les chauffe-eaux sont généralement réglés à une température d’au moins 55°C pour empêcher la prolifération du bacille.
Les premiers symptômes sont similaires à ceux d’une grippe.
La mystérieuse contamination
En quelques jours, la fièvre et les douleurs musculaires augmentent pour évoluer dans certains cas en pneumonie puis vers l’insuffisance respiratoire ou rénale. Le temps d’incubation peut varier de deux à dix jours.
Chaque fois qu’un cas est diagnostiqué, les Agences régionales de santé (ARS) lancent des investigations pour trouver les causes et ainsi éviter d’autres cas. Concernant le patient hospitalisé à Mayotte, les lieux de contamination potentiels sont nombreux. Âgé de 52 ans, ce métropolitain a pris l’avion en Bretagne pour rejoindre les Seychelles avant de faire une escale à Abou Dhabi. S’il n’a pas voyagé ailleurs dans l’océan Indien, il est aussi le seul malade de l’équipage de son bateau… Le mystère de sa contamination reste donc, à l’heure actuelle, entier.
RR
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