Deux musiciens mahorais sélectionnés à la soirée SACEM-Musiques océan Indien

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    Patrick Mathieu
    Patrick Mathieu a enregistré trois nouvelles adhésions ce lundi

    La SACEM, Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, c’est à la fois l’oreille des auteurs-compositeurs et leur bouche. Elle est chargée de collecter auprès des diffuseurs de musique, que sont les radios, les concerts, les bars ou les boites de nuit, les droits d’auteur, pour en redistribuer une partie à ses auteurs. En métropole, dans une petite ville de 15.000 habitants, un café de taille moyenne doit s’acquitter de 520 euros par an.

    « Environ 85% de nos collectes retournent aux artistes du territoire, mais plutôt 40 à 50% à Mayotte où les diffuseurs ne passent pas que de la musique mahoraise », explique Patrick Mathieu, délégué régional de la SACEM Réunion-Mayotte. Sauf qu’à Mayotte, la planète musique ne tourne pas aussi rond qu’en métropole ou La Réunion : « La Yacast qui dispose des enregistreurs cachés chez les diffuseurs, n’est pas implantée à Mayotte. »

    Aucun lieu de concert à Mayotte

    Saandati Voix de  2014: un subtil mélange de confiance et de modestie
    Saandati Voix de 2014

    La collecte n’est donc pas aussi fructueuse qu’ailleurs, et des progrès sont à faire, surtout que certains « gros » se font tirer les oreilles. « Nous avons pu cumuler 100.000 euros de recettes en 2014, à répartir en fonction de leurs diffusions entre les 70 musiciens adhérents à la SACEM », indique Patrick Mathieu. Certains n’ont pas encore franchi le pas, mais sont malgré tout bénéficiaires de reversements, « nous leur gardons leurs droits au chaud ! ». En comparaison, à La Réunion, 2.200 auteurs compositeurs ont adhéré à la SACEM.

    L’artiste la plus diffusée à Mayotte, c’est Saandati. Ses chansons engagées dans le domaine social, contre les grossesses précoces par exemple, sont très populaires ici. Mais elle trouve que sa rémunération ne suit pas, « 300 euros, puis 600 euros, pour un trimestre, ce n’est pas avec ça que je vais vivre ! », s’exclame-t-elle. Elle a décidé d’aller s’installer en métropole, en soulignant les difficultés que rencontrent les artistes ici, peu mis en valeur par la politique du conseil départemental : « Il n’y a presque pas de concerts, nous n’avons aucun endroit pour nous produire », déplore-t-elle.

    Assurer devant 200 professionnels

    M'toro Chamou
    M’toro Chamou

    A La Réunion, la SACEM s’active pour ses artistes. En lançant le Prix Musique Océan Indien tout d’abord, « que le chanteur mahorais Bo Houss a remporté en 2011 pour son album « Shimaore Tu » et qui lui a permis d’enchainer des tournées nationales et mondiales, comme le Festival Timitar au Maroc. »

    Mais aussi le Marché des musiques de l’océan Indien en partenariat avec le conseil régional. C’est dans ce cadre que va se tenir la soirée SACEM, le 31 mai 2016, au Théâtre du Tampon. Les artistes choisis pour se produire lors de cette soirée joueront devant 600 spectateurs, « et 200 professionnels du monde entier. » Ce fut un tremplin pour des chanteurs comme la réunionnaise Christine Salem.

    Et cette année, ce sont les mahorais Mounawar et M’toro Chamou qui ont été choisis. « C’est une vraie démarche de professionnalisation des artistes. Ils doivent non seulement être capables de fournir une prestation impeccable, mais aussi de gérer la suite de leur carrière en ayant déjà un entourage professionnel. » Un enjeu fort, aucun droit à l’erreur devant les yeux des pro du secteur.

    Simplifier l’adhésion

    Festival Milatsika à Mayotte
    Festival Milatsika à Mayotte

    Pour accroitre le nombre de sociétaires, et inciter ceux qui bénéficient de droits à adhérer à la SACEM, Patrick Mathieu réfléchit à une simplification des procédures d’admission : « Il faut avoir écrit 5 œuvres originales, que l’une d’entre elles fasse l’objet d’au moins 5 diffusions publiques, et qu’elle passe pendant au moins 6 mois ou fasse l’objet de commercialisation. » Pas toujours facile à prouver, et les artistes n’ont pas de structures de conseil sur lesquelles s’appuyer à Mayotte. « C’est pourquoi lorsqu’on aura des droits en stocks pour un artiste, ils serviront d’attestation de diffusion. »

    C’est donc le cas pour certains artistes ici, qui peuvent se rendre au 5/5 en soirée pour y rencontrer celui qui pourra les conseiller. « Personne ne vit de sa musique à Mayotte », déplore Saandati. Sur un territoire où les jeunes tournent en rond, axer la politique du département vers les secteurs sportif ou musical, permettrait de trouver des débouchés, de proposer des concerts ou championnats, bref, de faire parler de Mayotte.

    Anne Perzo-Lafond
    Le Journal de Mayotte

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