On les a vus, depuis deux jours, tous de rouge vêtus, remonter à pied sous la pluie puis le soleil, la route qui menait vers la place de la République et d’éventuelles avancées sociales. Si les autres sociétés du privé étaient mollement représentées par quelques salariés, la rouge représentativité des salariés de SFR Mayotte était massive, quelque chose de déterminé s’en dégageait.
A l’heure où faiblissait ce vendredi matin le mouvement de grève générale du côté de l’Intersyndicale, les salariés de SFR eux, n’avaient pas molli : « Nous avons déposé hier au soir un préavis de grève reconductible », annonçaient Ousmane Siaka, délégué syndical CFE-CGC et Anrmy Bourhane, délégué CFDT.
Leurs revendications portent sur un alignement qu’ils jugent raisonnable sur La Réunion : « On nous accorde une revalorisation salariale de 1%, mais sans prime de transport. Nous demandons donc uniquement cette prime, ou bien, une revalorisation de 1,5% des salaires. »
Orages sur la ligne comme dans l’entreprise
S’ils ont choisi de lancer le mouvement aujourd’hui, ça n’est pas sans raisons : en raison de la coupure des téléphones cette semaine, leur patron est arrivé de La Réunion, SFR Mayotte étant une filiale de SRR Réunion, et l’ancien directeur mahorais Remy Exelmans n’ayant jamais véritablement été remplacé.
Patrick Josset, directeur général délégué de SRR, fait donc des allers-retours, « je viens à Mayotte tous les mois », nous indique-t-il. Mardi dernier la panne de réseau a précipité son arrivée. Nous l’interrogeons d’ailleurs sur cette coupure pour laquelle aucun communiqué d’explications ou d’excuses n’a été adressé aux abonnés.
S’il nous invite dans un premier temps à contacter le service communication de SFR à La Réunion, il finit par expliquer la coupure : « Le site du central SFR, dont je ne peux révéler l’emplacement, a été endommagé par les orages qui ont sévi sur Mayotte mardi dernier. Nos équipes se sont immédiatement mises au travail pour rétablir le réseau de façon sécurisée. La coupure a donc été de 3 heures pour les forfaits post-payés, et de 6 h pour les pré-payés. » Des équipes techniques qui sont toujours à l’œuvre, « pour sécuriser l’approvisionnement et remplacer les équipements défectueux. »
Indemnités de rattrapage
Quant aux revendications de ses salariés mahorais, il les a entendu puisque, après un échec hier jeudi, les Négociations Annuelles obligatoires ont été signées ce vendredi matin : « Le directeur nous a garanti que le chantier de la prime de transport serait ouvert au cours du 2ème semestre de l’année, pour une application l’année prochaine. La revalorisation des salaires est maintenue à 1%, mais le panier repas est augmenté de 4,85 euros à 5 euros dans une idée de convergence avec le réunionnais à 5, 35 euros », explique Ousmane Siaka, qui a mené les négociations avec Anrmy Bourhane, et Charifa Ombayidi, secrétaire du comité d’entreprise.
Les barrages devant la porte d’entrée sont donc levés, « nous reprenons le travail dès demain », indique-t-il. L’impulsion de la grève générale d’égalité sociale aura donc porté quelques fruits pour une entreprise de l’île.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte