Mayotte a profité du Salon de la Plongée du 11 au 13 janvier pour se réserver une soirée à elle. L’originalité du concept a payé et plusieurs hommes et femmes-grenouilles devraient débarquer sur nos côtes.
Axer la politique touristique sur les découvertes sous-marines pourrait tomber sous le sens à Mayotte. Mais c’est avant tout une question de logique. Si le Schéma de Développement touristique pointe le lagon comme produit d’appel, ça n’est pas seulement en raison des fonds exceptionnels, mais aussi parce que l’île manque pour l’instant d’infrastructures (musée etc.) qui pourraient justifier d’une politique touristique à grande échelle.
C’est aussi une question d’opportunité. Sans avancer que le malheur des uns fait le bonheur des autres, le risque requin que connaît La Réunion porte amateurs et professionnels à jeter leur dévolu sur d’autres destinations. Les touristes ayant fui l’Egypte, autre destination prisée par les amateurs de fonds sous-marins, Mayotte et sa double barrière récifale est bien placée.
C’est enfin une raison pécuniaire : le petit budget du Comité Départemental du Tourisme de Mayotte (CDTM), 3 millions d’euros, ne lui permet pas de se diversifier et d’aller porter la bonne parole dans tous les salons.
La présence annuelle de Mayotte au Salon de la Plongée de Paris a été renforcée cette année grâce à la pugnacité de Michel Ahamed, le directeur du CDTM : «Non seulement notre stand s’est étendu de 32 à 40 m2, mais il était mieux situé, près de la piscine».
Le rapport du Mahorais au tourisme
Pour toucher davantage de clubs, il a misé sur un partenariat avec la Fédération Française d’Etudes et de Sports Sous-Marins avec laquelle il a monté une soirée dédiée à Mayotte à l’Aquarium de Paris le samedi 11 janvier. La délégation mahoraise était composée de 15 personnes coiffées du chapeau de Sada, le sénateur Thani Mohamed Soilihi en tête accompagné du conseiller général Ben Issa Ousseni. Une réussite : «Une belle soirée au cours de laquelle nous avons accueilli 230 clubs de plongée autour de danses (chigoma et mbiwi) et de deux projections présentant l’île». L’emplacement a été offert par l’Aquarium de Paris et deux billets d’avion Air Austral ont été gagnés.
Il faut désormais concrétiser et fournir une prestation à hauteur des engagements pris par de nombreux clubs : «Nous proposons un pack «hébergement-plongée» à un prix intéressant en mobilisant les résidences hôtelières».
Michel Ahamed a bien conscience qu’il faudra développer l’offre d’activités pour les familles accompagnantes, mais on touche à un problème plus global, «celui du rapport des Mahorais au tourisme. Pour l’instant, peu de gens ici ont compris le potentiel de l’île en matière touristique. Lorsque le premier grand hôtel sortira de terre sur un site dédié et qu’il emploiera la main-d’œuvre locale, formée dans une école hôtelière, leurs familles percevront les fruits des revenus et le tourisme aura pris une forme palpable».
Ce concept de soirée a déjà été réclamé par la Fédération de plongée de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour le Festival de l’Image sous-marine où se rendra l’équipe du CDTM en octobre.
Anne Perzo-Lafond