«Le peuple a tranché». Habari Za Comores comme l’ensemble de la presse comorienne annonce l’élection d’Azali Assoumani à la présidence de l’Union des Comores. «Très ému», celui qui revient aux plus hautes fonctions de l’Etat comorien a remercié les militants et exprimé «toute sa gratitude» aux électeurs depuis Anjouan.
Cette victoire, Azali Assoumani l’a emportée «haut la main», indique Al Watwan, parlant d’une «défaite cuisante» du candidat du pouvoir. «Si Mohamed Ali Soilihi comptait sur le scrutin partiel d’hier 11 mai pour rattraper son retard sur le colonel Azali Assoumani, c’est raté. En effet, dans l’écrasante majorité des localités où se déroulait cette partielle, l’ancien chef de l’Etat arrive largement en tête.»
Selon les résultats annoncés par la vice-présidente de la Céni (la commission électorale comorienne), dans les 13 bureaux de vote appelé à se prononcer ce mercredi, Azali Assoumani a recueilli 2.271 voix contre 1.308 voix pour Mohamed Ali Soilihi, candidat du pouvoir, et 165 voix pour Mouigni Baraka qui s’était pourtant retiré, appelant ses partisans à voter pour le candidat du gouvernement.
Une fuite et des lacrymogènes
Si les résultats semblent clairs, leur annonce s’est déroulée sur fond de confusion et dans une ambiance «très tendue», relate RFI.
«Alors que les résultats devaient être annoncés depuis l’hôtel où siégeait la Céni, le président de la Commission électorale a quitté les lieux, et sa vice-présidente a finalement déclaré Azali Assoumani vainqueur sans lui.»
Pour la radio internationale, «l’image du président de la Céni, son secrétaire général et au moins trois de ses commissaires, fuyant leurs responsabilités à 4h du matin, abandonnant une partie de leurs collègues, restera comme le fait marquant de la reprise du second tour de cette élection.»
Ces départs précipités, «protégés par les forces militaires», ont suscité l’incompréhension, aussi bien au sein de l’instance que parmi les nombreuses personnes qui attendaient les résultats à l’extérieur. «Des heurts ont donc éclaté, faisant quelques blessés légers, jusqu’à l’utilisation de gaz lacrymogènes pour disperser la foule.»
Retour au pouvoir
Le journal Le Monde, rappelle que le colonel Assoumani, «a déjà occupé la fonction suprême de 1999 à 2006». Il était arrivé en tête après le second tour, mais il devançait son principal adversaire, Mohamed Ali Soilihi dit «Mamadou», de 2.000 voix seulement.
«Cette fois-ci est la bonne pour le vieil officier comorien, Azali Assoumani, qui va accéder pour la troisième fois de sa vie à la plus haute fonction de l’Etat», complète Libération. Pour le journal, « au bout du suspense » et malgré tous les rebondissements, «le système électoral original» de l’Union des Comores qui prévoit une présidence tournante entre les trois îles, a tenu bon. «Il avait d’ailleurs été instauré par Azali Assoumani lui-même pour mettre fin à la crise séparatiste des années 90 et à l’instabilité du pays, qui a connu une vingtaine de coups d’Etat depuis l’indépendance de l’ancienne colonie française, en 1975», rappelle le quotidien.
«Mais le défi du colonel sera avant tout économique. Près de la moitié de la population de l’archipel vit sous le seuil de pauvreté et l’indice de corruption y est l’un des plus élevés au monde».
Les résultats officiels devraient être proclamés par la Cour constitutionnelle dans les prochains jours, probablement lundi, et l’investiture du nouveau président est prévue pour le 26 mai.
RR
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