La maison mère en métropole n’étant pas au mieux de sa forme, le groupe Canal Plus compte sur l’Afrique et l’Outre-mer pour continuer à grandir. La preuve: depuis le mois dernier, le nombre de ses abonnés est plus important ailleurs dans le monde que dans l’Hexagone. Conséquence, le groupe aux 11,2 millions d’abonnés et 5,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, fait feu de tout bois y compris chez nous.
Canal Plus est à Mayotte depuis plus de 20 ans mais Catherine Carde, la directrice générale de Canal+ Réunion, reconnaît que pour le groupe, cette présence était jusqu’à présent relativement «accessoire» par rapport à La Réunion où le marché est bien plus vaste. Mais la saturation chez nos voisins transforme notre département en marché porteur. Mayotte devient à son tour un enjeu commercial. Fini les offres importées, place au sur mesure. «Comme nous avons besoin d’être en croissance, on va la chercher à Mayotte», explique clairement Catherine Carde.
Pour Canal, les objectifs sont clairs: 30% de croissance de ses abonnés mahorais en 2016. «Nous avons déjà fait la moitié du chemin avec une augmentation de 15% depuis le début de l’année», confie Catherine Carde.
En cash et sans abonnement
Pour y parvenir, le groupe innove dans sa démarche commerciale. A côté des abonnements annuels classiques payables par prélèvement bancaire, Canal Plus met en place une formule sans engagement, renouvelable tous les mois et payable en liquide. L’offre s’appelle Ndzangu (facile). «On vient quand on veut, on choisit ce qu’on veut», explique Gautier de Sarnez, responsable Mayotte-Comores.
Ce sont trois formules qui sont proposées et la moins chère à 8 euros vise un public qui n’a pas aujourd’hui les moyens de s’offrir les chaînes du groupe (les deux autres sont à 24 euros et 49 euros, avec davantage de chaînes disponibles). «On veut permettre à plus de Mahorais d’accéder aux offres Canal. A Mayotte, la moitié de la population n’a pas de compte bancaire et on a des gens qui ont des budgets variables d’un mois sur l’autre. De cette façon, ils peuvent choisir tous les mois quelle formule leur convient». Pour y accéder, il faut d’abord débourser 30 ou 45 euros pour acheter le décodeur, l’installation et la parabole sont gratuites.
Des promos pour inciter à la reconduction
Ces formules permettent également de bénéficier de l’espace baptisé «My Canal» qui permet d’accéder aux chaînes disponibles avec son abonnement n’importe où, sur son smartphone, sa tablette ou son PC. Cette offre vient d’être mise en place en métropole et le succès a été fulgurant. Le groupe revendique 1 million de téléchargements en un mois.
Pour sécuriser cette formule sans engagement, le groupe Canal met en place une «semaine masterehi» (généreuse): en cas de reconduction avant la fin du mois, le client bénéficie de l’offre complète pour le même prix et pour une semaine. «Cette semaine a été testée dans d’autres pays et ça fonctionne très bien», assure Catherine Carde.
Et pour finir de convaincre de son intérêt nouveau pour notre île, Canal s’est offert une pub 100% mahoraise, conçue et réalisée chez nous.
1 foyer mahorais sur 3 est abonné
A Mayotte, Canal Plus compte deux boutiques en propre (les « Canal + Store »), 12 distributeurs répartis sur l’ensemble du département et 11 salariés. Le groupe organise également tous les ans le Cinébrousse qui fait le tour de l’île avec des projections en plein air pour renforcer son image de proximité. Et dès l’an prochain, il pourrait faire son entrée sur le marché des fournisseurs internet, suivant la démarche adoptée à La Réunion où il a lancé la Canal Box. Mais il faut encore attendre un débit internet suffisant et stable à Mayotte pour qu’il saute le pas.
Dans notre département, Canal Plus ne communique pas le nombre précis de ses clients. Mais il revendique 1 foyer abonné sur trois, très loin devant Parabole Mayotte, son principal challenger.
RR
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