Que s’est-il passé mardi dernier au centre pénitentiaire de Majicavo? Alors que les responsables des forces de sécurité sont réunis au tribunal de Kawéni pour une nouvelle session de l’état-major de sécurité, les téléphones sonnent. La prison annonce qu’au moins un détenu s’est évadé. Après le bouclage de l’ensemble des prisonniers dans leur cellule et un travail rapide de comptage, l’événement malheureux prend une toute autre ampleur. Ce n’est pas uniquement un homme, mais trois qui sont parvenus à s’extraire du centre pénitentiaire.
Une semaine après, l’inspection des services pénitentiaires va tenter de répondre à la question que tout le monde se pose: comment cela a-t-il pu se produire? Des membres de ce service de l’administration pénitentiaire sont arrivés hier lundi à Mayotte et sont à Majicavo depuis ce mardi matin.
Selon nos informations, il semblerait qu’une succession de failles ait permis cette évasion, des défaillances qui se situent à plusieurs niveaux des dispositifs de surveillance et de sécurité.
Défaillances humaines et techniques
On parlerait de défaillance humaine dans la surveillance des prisonniers qui se trouvaient en promenade. Le dispositif de vigilance humain effectué par les surveillants n’aurait pas permis de discerner l’événement qui se préparait. Le système de vidéo-surveillance n’a pas non plus été en mesure de lancer l’alerte.
Mais les hommes ne seraient pas seuls responsables. L’enceinte de Majicavo est faite de grillages et de fils de fer barbelés. Elle est, en théorie, impossible à escalader d’autant qu’elle est électrifiée. Le dispositif doit normalement envoyer du très haut voltage si un contact se produit avec la clôture. En clair, un prisonnier qui touche l’enceinte doit recevoir un shoot électrique. Mais le système n’aurait pas non plus fonctionné, permettant aux hommes de franchir la fortification extérieure.
Sur ces questions et peut-être d’autres, l’inspection des services pénitentiaires va devoir apporter des réponses précises, établir le déroulement exact des faits, pointer ces défaillances pour, bien entendu, qu’elles ne se reproduisent plus.
L’hélico cloué au sol
Mais mardi dernier, les évadés ont encore bénéficié d’une chance supplémentaire, un élément dont ils ne pouvaient pas avoir connaissance et qui a facilité leur fuite. L’hélicoptère de la gendarmerie était en maintenance. L’appareil est le seul présent à Mayotte et il doit, à intervalle régulier, subir des contrôles pour garantir qu’il puisse continuer à assurer ses missions en toute sécurité. Il n’était pas disponible et n’était donc pas en mesure de décoller pour appuyer le dispositif humain déployé au sol, des forces de sécurité arrivés sur place alors les fuyards étaient déjà parvenus disparaître dans la nature.
Pour autant, du côté des forces de sécurité comme de la justice, on porte un regard très posé sur cette cavale. Dès mercredi dernier, on indiquait, en off, que le temps jouera toujours en faveur de la traque. «On saura être patient. Tôt ou tard, on les reprendra», affirmait-on. Et de fait, l’étau semble déjà se refermer, doucement mais sûrement, sur au moins un des fugitifs.
RR
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