Le Défenseur des Droits revient dans son avis sur les évènements qui ont touché «les familles et enfants d’origine comorienne expulsés de leurs domicile en raison de leur origine par des collectifs de villageois, dans deux villages dépendants de la commune de A. à Mayotte». On sait que, depuis, l’alphabet a été égrené, puisque les villages de B. et de C. ont été touchés par ces actions, dans le sud de l’île.
Le Défenseur des Droits croit bon de préciser que les courriers annonciateurs de décasages, «ayant pour objet l’expulsion de clandestins, sont susceptibles d’être qualifiés de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence.» Il revient sur l’inaction des forces de l’ordre, décriée pendant plusieurs mois par les médias, sans plus d’écho à Paris, et reproche aux pouvoirs publics de ne pas avoir déployé de moyens suffisants. Le préfet Frédéric Veau, arrivé en plein marasme, saura en prendre bonne note, c’est sûr…
Le préfet tancé
Jacques Toubon, rappelle les violences physiques et psychologiques, la privation de domicile de prés de 200 personnes, la déscolarisation de près de 150 enfants. Il oublie de préciser leur séjour sur la place de la République, pendant plusieurs semaines, de longues semaines sans entendre parler du Défenseur des Droits.
Trois recommandations sont dans sa conclusion, puisqu’il ne peut faire plus que conseiller. Elles s’adressent au préfet pour lui demander de bien vouloir à l’avenir mobiliser les forces de l’ordre nécessaires aux expulsions, et aux maires de bien vouloir faire respecter l’ordre public. Voilà une réprimande sévère à l’égard du préfet et des maires, et une base solide sur lequel ils vont pouvoir s’appuyer! Au pire, nous sommes dans «l’esprit de Noël»…
On peut se demander plus sérieusement à quoi sert un Défenseur des droits, qui, même avec un avis consultatif, aurait du dire le droit au moment des tensions, et pourrait surtout tenter de trouver une solution pour qu’en matière de droit encore, les maires rappellent aux habitants qu’ils en ont, sans avoir à se faire justice eux-mêmes.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte