« Début de stabilisation de la délinquance » : A la fois un constat et un vœu pour le préfet de Mayotte

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Frédéric Veau, bien entourré
Frédéric Veau, bien entouré

Le préfet innovait puisque, pour la 1ère fois, c’est entouré des représentants départementaux et communaux des élus de Mayotte, et bien sûr de son staff préfectoral, il faut dire réduit, qu’il lançait ses vœux.

Des difficultés traversées par l’Europe en 2016, ce sont les conflits de la zone syro-irakienne et Ukrainienne, que Frédéric Veau mettait en évidence, « l’Europe est confrontée à une vague migratoire sans précédent », « victime du terrorisme », « déstabilisée par le BREXIT », mais il n’oubliait pas « la plus longue période de paix que le continent n’ait jamais connu. »

Après avoir évoqué les « crimes » terroristes qui ont touché la France, et le « début de baisse du chômage », il évoquait le difficile début d’année 2016 à Mayotte. Arrivé dans le contexte des « décasages », Frédéric Veau a eu ensuite à gérer « l’enchaînement entre les mouvements sociaux, les violences urbaines et les faits de pure délinquance. » Avec une « montée de l’insécurité en ville, sur les routes, sur les espaces de loisir ». Il n’est pourtant pas si loin le temps où l’on niait le problème du côté du Rocher.

Puis, ce fut « ce trop long conflit dans l’enseignement primaire et les dégradations d’établissements qui sont la négation même du dialogue social. Et les premières victimes, ce sont les enfants privés d’école. »

Diminution des atteintes aux biens, pas des atteintes aux personnes

Parmi les invités, des élu(e)s, mais aussi le président du TGI et le procureur
Parmi les invités, des élu(e)s, mais aussi le président du TGI et le procureur

Les avancées il faut les chercher du côté de la commande publique, pour le représentant de l’Etat, « à un niveau supérieur à 170 millions d’euros », du rythme de programmation de 25% du Fonds européen FEDER, de la ligne aérienne directe depuis Paris, du nouvel amphidrome Polé, et de l’action sociale avec un satisfecit délivré au conseil départemental sur la MDPH, le Schéma départemental des services aux familles, et la politique d’aide sociale à l’enfance.

2017, année électorale avec une période de réserve électorale de 3 mois pendant lesquels il ne pourra s’exprimer officiellement.

L’axe prioritaire, c’est la sécurité, et le préfet donnait les premiers chiffres. « Les renforts sont arrivés et l’évolution de nos méthodes de travail portent leurs fruits. Sur la totalité de 2016, nous observons un début de stabilisation de la délinquance générale », mais avec des nuances qui traduisent un durcissement : la progression qui avait été de 15% les deux années précédentes, n’est plus que de 2,2% entre 2015 et 2016. Si les atteintes aux biens diminuent de 10%, dont les cambriolages de 17%, les atteintes aux personnes progressent de 20%, « un sujet de préoccupation sur lequel nous continuerons à agir. »

« Fermeté et humanité » dans la gestion de l’immigration

Discussions avec, de gauche à droite, Mohamed Majani, maire de Mamoudzou, Saïd Omar Oili, président de l'AMM et Soibahadine Ramadani, président du département
Echanges avec, de gauche à droite, Mohamed Majani, maire de Mamoudzou, Saïd Omar Oili, président de l’AMM et Soibahadine Ramadani, président du département

Fait encourageant, la délinquance a décru sur les 3 derniers mois de l’année, « au moment où le dispositif du plan sécurité entrait en vigueur », mais une évolution « fragile ». « Ce week-end la présence des forces de police et gendarmerie sera renforcée au sud de Mamoudzou. » Zone où ont sévi des coupeurs de route le week-end dernier, rappelait-il, en annonçant « deux premières interpellations ».

La lutte contre la pression migratoire, deuxième grand sujet de l’île, a conduit à 23.000 expulsions en 2016, à l’interception de 430 barques kwassas, à une diminution de 32% des premières demandes de titre de séjour, et à l’octroi de 8.000 titres, contre 8.700 en 2015. « La gestion de la pression migratoire à Mayotte est un perpétuel équilibre à trouver entre fermeté dans l’application des textes et humanité dans le traitement des personnes. »

C’est maintenant la crise de l’eau qui accapare les services préfectoraux, « conséquence d’un retard de 2 mois et demi de la saison des pluies. » La mission d’experts de la sécurité civile est très attendue, pour « voir comment nous pouvons éviter l’épuisement de nos réserves. » Les premières mesures sont connues : « l’interconnexion des réseaux, la limitation des pertes de la retenue de Combani, accélérer sur la 3ème retenue. »

Arrivée d’une délégation européenne

Said Salimé, Cabinet du président, et Isabelle Chevreuil, pte de l'UCCIOI
Said Salimé, Cabinet du président, et Isabelle Chevreuil, pte de l’UCCIOI

Décidément, la météo est au beau fixe avec le conseil départemental, puisque Frédéric Veau soulignait « l’approche dynamique du colloque sur le toilettage institut de notre île », un peu plus sombre avec les maires et « la situation difficile de l’intercommunalité » au sud et au nord : « La préfecture est là pour accompagner les collectivités et leurs élus, par pour s’y substituer », avertissait-il, tout en convenant de « la sophistication de notre droit ».

Enfin, 2017, sera l’année de l’application (au 1er janvier 2018) du code du travail de droit commun qui sera soumis « dans quelques semaines au conseil départemental », de l’arrivée en février d’une délégation des services de la commission européenne « pour adapter la programmation aux enjeux de Mayotte avec la modernisation et la sécurisation des infrastructures portuaires, avec les dispositifs d’arrêt des avions en bout de piste et les enjeux de l’eau, et la relance de la coopération régionale, avec un déplacement aux Comores aux côtés de l’ancien ministre Jean-Jack Queyranne, et avec le président du conseil départemental.

Autant d’écueils et d’avancées que le représentant de l’Etat aura évoqués sur son inimitable ton impassible ce vendredi soir devant ses invités.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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