Les salariés grévistes, qui bloquent toujours l’entrée du bâtiment des 3 Chambres consulaires, avaient reçu le renfort d’agriculteurs et de pêcheurs ce mercredi matin pour se déplacer dans une ambiance bon-enfant, avec banderoles et mégaphone devant la DAAF, et y déposer un communiqué adressé à son directeur.
Ils souhaitent toujours que leur dette de 900.000 euros, c’est à dire environ leur masse salariale annuelle, soit comblée par une subvention exceptionnelle d’équilibre et un emprunt, « c’est ce que préconisait l’audit de la CGAER* », rappelle Hamadi Zaïnaba, Assistante de direction et syndiquée à la CFDT, en tête de cortège.
D’un côté, des élus et cadres de la Chambre qui expliquaient en novembre dernier au JDM, avoir découvert en 2015 que le conseil départemental ne pouvait plus financer leurs actions, désormais soumises à concurrence en raison du passage aux financements européens, de l’autre, le directeur de la DAAF, Jean-Michel Bergès, qui reproche une mauvaise gestion, « nous avions demandé dès 2015, une réduction de voilure face à un budget insincère de 1,8 million d’euros ». Il dénonçait également dans nos colonnes une augmentation de la masse salariale de 30% en 2014, « et des voyages sans justification sérieuse à hauteur de 700.000 euros. »
Pas d’anticipation
Ce que l’on peut regretter, c’est une absence généralisée à l’échelle de Mayotte, d’anticipation de la bascule vers les fonds européens. On ne compte plus les structures, Chambres des métiers, BGE, qui ont découvert fin 2015, qu’elles ne bénéficieraient plus de subventions, et qu’elles devraient se mettre en quête de co-financement.
Faute de quoi, la préfecture se retrouve avec une tutelle renforcée sur la CAPAM depuis le 7 juillet 2016. La seule recette fixe de la Chambre provient d’une taxe sur le foncier non bâtie, nous avait expliqué Jean-Michel Bergès, « et elle est inférieure aux 80.000 à 90.000 euros que coûte mensuellement la masse salariale. »
Si les missions reviennent en cofinancement, elles ne suffisent pas à combler le déficit lié à l’année 2015. La préfecture a convoqué ce jeudi 26 janvier, le Comité local d’élaboration et de suivi du Plan de redressement de la CAPAM, avec notamment un Plan de redressement à l’ordre du jour.
Mouvement renforcé ce jeudi
Les salariés ont marqué un arrêt de quelques minutes devant la DAAF ce mercredi matin, mais ont promis de venir plus nombreux le lendemain, « avec des agriculteurs et des pêcheurs », avertit Ali Ambody, président du Modef, qui soutient le mouvement. « Ils ont également déposé une demande rencontre au cabinet du président du Conseil départemental, « pour les impliquer en tant que cofinanceur. »
La CFDT a reçu l’appui de leur centrale nationale qui a interpellé le gouvernement, lui demandant « de prendre les mesures nécessaires pour que la Chambre d’Agriculture puisse poursuivre ses missions, tout en s’assurant que les correctifs adéquats seront mis en œuvre dans la gestion de l’établissement afin que de telles difficultés ne se renouvellent pas. » »Nous n’avons eu aucune réponse pour l’instant », indique Zaïnaba Hamadi.
Difficile de dire si un accord sera trouvé demain après-midi.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux