Retour des religieux mahorais porteurs de tolérance

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La délégation des cadis mahorais est de retour de métropole. L’enjeu ne portait pas uniquement sur l’interpellation d’un ministre à propos d’une mosquée profanée, mais aussi sur la pérennité d’une harmonie inter-religieuse.

Me Nadjim Ahamada retrace un bilan positif sur tous les points
L’avocat Nadjim Ahamada retrace un bilan positif sur tous les points

«Vous n’en faites pas un peu trop ?!» Cette interrogation, jamais posée officiellement, les membres de la délégation mahoraise l’ont souvent entendue dans leurs familles, parmi leurs amis. Le Grand cadi de Mayotte, Bacar Nourdine, était accompagné de son porte-parole Elmamouni Mohamed Nassur et de ses conseils, les avocats Me Saïd Larifou et Me Nadjim Ahamada. Ils avaient eu la bonne surprise d’être reçus par Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, «mais aussi chargé des cultes et supérieur hiérarchique des personnes mises en cause» glisse Nadjim Ahamada, fraichement arrivé ce vendredi de son voyage parisien.

Un voyage aux multiples facettes. La première liée aux faits de profanation tout d’abord : «Outre le fait d’avoir déclenché la première réaction officielle du ministre Manuel Valls, je ne suis pas certain que, sans bruit, les sanctions administratives comme la mutation immédiate sans indemnités et le blâme ministériel auraient été prises contre le militaire».

Un blâme qui bloquera toute promotion de l’intéressé. Trop cher payé pour un soir d’alcoolisation ? Nadjim Ahamada le réfute : «Je ne suis pas d’accord pour lier l’acte à l’alcool. Qu’à la suite d’un pari stupide lors d’une soirée arrosée du 31 décembre, un couple dépose une tête de porc, on peut l’entendre. Mais que le lendemain, la femme incriminée écrive sur Facebook, «le colis a bien été déposé», ou que lors du déjeuner du 1er janvier elle se vante devant ses amis hilares, c’est autre chose !». Ces faits sont retranscris dans la procédure.

Mayotte, laboratoire de l’entente cultuelle

En réaction deux marches pacifiques de la population avaient suivi, pour lesquelles le ministre Victorin Lurel a salué «la dignité des Mahorais». Et c’est l’autre facette du déplacement qui aura vu la délégation rencontrer les représentations des trois religions monothéistes. Seul le Conseil Français du Culte Musulman, où n’est présent aucun Mahorais du plus musulman des départements français, n’aura pas été disponible : «Dalil Boubakeur était malade, mais il avait publié une condamnation officielle.» Autre bémols, aucun parlementaire mahorais ne les a accueillis à Paris, a contrario du député européen Younous Omarjee.

L’objectif de ces rencontres «multicultuelles» était de prendre note de la gestion de ces actes de profanation ou de dégradation dans une métropole «qui en connaît deux par jour», mais aussi d’appeler à une bonne entente entre les religions, «thème sur lequel travaille le Père Christophe Roucou que nous avons rencontré», directeur du Service national pour les relations avec l’islam.

Le procès des auteurs de l’acte de profanation aura lieu le 26 février, une audience où les religieux exigent la présence des mis en cause, prêts à dégainer un mandat d’amener, «avec l’éventualité d’une sortie fracassante du tribunal si nous n’obtenons pas gain de cause». Aucune crainte selon l’avocat qu’il y ait une émeute, «la seule présence des cadis en est garante».

Selon Nadjim Ahamada, si elle avait été étouffée, l’affaire aurait pu troubler l’entente entre communauté «dans une île où se côtoient musulmans et chrétiens, pratiquants ou non, et athées, où se célèbrent les mariages gays et, il n’y a pas si longtemps, cadiaux, et où se trouve un élevage de porcs !»

Anne Perzo-Lafond

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