Le projet est absolument gigantesque et il se prépare patiemment. La rénovation urbaine de Majicavo Koropa met en place tous les éléments pour faire l’opération une réussite. Après l’événement du 8 février dernier qui avait rassemblé tous les acteurs autour de la signature du protocole, des objectifs et des engagements financiers de chacun, on passe à la phase de concrétisation.
Ce mercredi matin, la mairie de Koungou signait avec la Caisse des dépôts (CDC), la convention pour débloquer un crédit de 150.000 euros. Marc Abadie, le directeur des réseaux de la CDC, et Assani Saindou Bamcolo, le maire de Koungou, ont clairement établi les termes de leur partenariat. «Normalement, la caisse des dépôts verse les montants à la fin de la phase d’études mais compte tenu des difficultés financières des collectivités à Mayotte, 50% de cette somme est débloquée dès la signature, donc dès aujourd’hui», explique Stéphanie Simonet, la directrice du projet de rénovation urbaine de Majicavo-Koropa.
Cette somme va permettre de mettre en place les équipes qui vont piloter la mise en forme du projet. Les premiers recrutements vont pouvoir être réalisés, comme celui sur un poste de chargé de mission économique. Les premières études vont être lancées très rapidement. Elles concernent l’économie du quartier et une assistance sur la programmation du projet urbain. Car il va falloir cadencer correctement la masse d’études à réaliser. «Il faut qu’on parvienne à caler tout ce travail dans un calendrier contraint de 2 ans. Ca peut paraître long, mais c’est très court dans un projet de cette ampleur-là», précise Stéphanie Simonet. «Il faut qu’on respecte nos engagements et le planning».
Préparer les chantiers
Ces 150.000 euros apportés par la CDC représentent 8% de la phase d’études et de préfiguration du futur quartier dont le coût global se monte à 1,86 million. Il se divise en 500.000 euros pour le fonctionnement et la mise en place d’équipes opérationnelles et 1,3 million pour la douzaine d’études nécessaires et l’assistance à la maîtrise d’ouvrage.
Le département apportera 20% de la somme, l’Etat 15%, la commune de Koungou 14% et le gros du budget proviendra de l’ANRU, l’agence nationale de rénovation urbaine, pour 43%.
«A l’issue de ces 2 ans, on aura défini précisément le projet urbain mais aussi les priorités pour les réalisations des 5 années suivantes. On ne pourra pas tout faire d’un coût parce que, rien que pour la voierie, les coûts vont être colossaux. Mais on va faire des choix, avec les élus et les habitants qui vont être vraiment associés pour dire qu’on mène telle action, sur telle zone et avec tel budget», explique Stéphanie Simonet.
En élaborant ces priorités, ce sont donc des séquences de travaux de 5 ans qui seront ainsi définies, le projet global de rénovation concernant l’intégralité de Majicavo Koropa, un village construit pour 50% en bangas en tôle, sans assainissement collectif et où seulement 57% des logements sont dotés d’un point d’eau.
Transformer toute la commune
«Il est très important de prendre le temps de faire ce travail en amont parce que le but de Koungou, c’est de construire un projet réaliste et faisable pour passer d’ici à 2 ans, à la phase de concrétisation et donc de chantiers», avec des budgets et des financeurs clairement identifiés.
Cette ingénierie de projet n’est pas encore courante à Mayotte mais sa mise en place permet à la commune de rentrer dans une dynamique vertueuse. Même si, à Koungou, les choses sont souvent compliquées, la volonté d’avancer semble réelle et le projet va créer un effet de levier. Les recrutements vont également s’accompagner d’une structuration des services de la ville et d’une montée en gamme des compétences grâce à une politique de formation.
Le projet de rénovation de Majicavo Koropa pourrait donc transformer l’ensemble de la commune de Koungou, d’autant que la mairie mène en parallèle d’autres projets comme la rénovation de l’ensemble des écoles. La ville a d’ailleurs signé un autre contrat avec la Caisse des dépôts ce mercredi. Cette fois-ci, l’emprunt porte sur 1,43 million d’euros pour enfin transformer les écoles de la commune qui sont actuellement en rotation à 100%.
RR
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