La crise de l’eau avait tendance à nous faire oublier les autres dossiers brûlants du département. Mais les informations en provenance de nos collèges et de nos lycées sont là pour nous rappeler qu’une crise pourrait en chasser une autre. On connaît depuis hier mercredi les chiffres du mouvement inter-académique et des permutations des enseignants pour la prochaine rentrée scolaire. Ils ont été communiqués hier par l’UNSA-Education. Et la situation s’annonce en effet délicate.
Commençons par les bonnes nouvelles. Le choses s’améliorent nettement dans le 1er degré. Si 38 professeurs des écoles quitteront le département et 25 partiront à la retraite, 35 nouveaux vont arriver et surtout 180 néo-titulaires prendront leur 1er poste. «On constate enfin que les moyens engagés sont en adéquation avec la réalité du département», note Eric Hourcade de l’UNSA qui dévoile ces chiffres. «Bien sûr, les grincheux diront que ce n’est pas suffisant mais on commence à rattraper le retard accumulé».
En revanche, dans le second degré, la situation devrait être inédite: le nombre d’enseignants contractuels devrait dépasser celui des titulaires sur fond d’explosion démographique. Le nombre de collégiens et lycéens devrait encore progresser très fortement après les 2.700 élèves supplémentaires enregistrés à la rentrée dernière.
Un second degré en crise
Certes, les professeurs qui arrivent seront plus nombreux que ceux qui partent, 325 contre 245. Problème: 176 postes équivalent temps plein sont créés et de nombreux détachement pour l’étranger devraient être réalisés. Au final, l’UNSA estime que le manque de professeurs titulaires devrait encore augmenter de 150. Ils s’ajouteraient aux plus de 1.200 contractuels déjà employés… Autrement dit, à la rentrée 2017, les contractuels devraient représenter plus de 50% des postes pourvus dans le secondaire.
Incontestablement, la situation devient critique. Le SE-UNSA Mayotte fait l’analyse que «l’augmentation du taux de collègues non formés exige un accompagnement en formation important. Il n’est pas certain que le vice-rectorat ait les moyens de cette ambition. La formation risque de souffrir du déficit d’attractivité du territoire». En clair, la situation devient intenable.
Des formations impossibles à assurer
Les formations des contractuels sont assurées par des professeurs qui ne peuvent plus suivre le rythme. «Les enseignants qui débutent ont besoin de formation. Mais un moment donné, on ne plus libérer des collègues pour assurer ces formations alors qu’il y a beaucoup de besoins sur le terrain. Quand on est responsable de classes, on ne peut pas se dédoubler», explique Eric Hourcade.
C’est dans ce contexte que le syndicat s’inquiète de l’absence de rendez-vous parisien. «Le Ministère des Outre-Mer s’était engagé à une dernière réunion de revoyure avec les organisations syndicales courant mars. Aucune date n’est prévue à ce jour», constate le SE-UNSA. Et pourtant cette consultation devait, en particulier faire le point sur les travaux engagés sur la question de l’attractivité. «Est-ce une conséquence des impératifs pourtant bien mal gérés de la crise de l’eau ou bien un opportunisme de circonstances qui permet à chacun de se dérober?» demande perfidement le syndicat.
Au moment où le gouvernement promet, en plein campagne électorale, des millions d’investissements à tous les Outre-mer dont Mayotte, le sujet de l’attractivité de la fonction publique à Mayotte mériterait en effet d’avancer résolument.
RR
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