Le budget du Parc Naturel Marin de Mayotte est passé d’un million d’euros la 1ère année, à 2,8 millions 5 ans après, en 2017, « le plus important de toute la France », souligne Cécile Perron, Directrice du PNM.
Ils étaient prés d’une trentaine, dont 3 conseillers départementaux, à être réuni à la DEAL pour l’annuel Conseil de gestion. Un budget qui s’étoffe en financements extérieurs puisque deux projets éligibles au fonds européen FEAMP sont déposés : « La pérennisation du système d’information halieutique sur les captures des campagnes de pêche et des moyens utilisés, et le marquage des thons au moyen de balises pour évaluer la distance parcourue, et ainsi repérer les bancs de thons pour les pêcheurs. »
Il s’agit de protéger la ressource des pêcheries extérieures, précise Régis Masséaux, vice-président du PNM. Il rappelait la bonne nouvelle contenue dans le Code rural et de la pêche mis à jour en juin 2016, « la quasi totalité de la zone du Parc Naturel Marin de 100 milles marins autour de l’île, ou à équidistance avec nos voisins, est réservée à Mayotte, ce qui maintient à distance les thoniers étrangers. » Ils pouvaient venir jusqu’à 24 milles des côtes auparavant.
Deux observateurs embarqués mahorais ont été formés pour intervenir à bord de thoniers et vont pouvoir noter les prises.
Mobilisation des élus du département
En dehors du gros morceau qu’est la pêche, l’action la plus marquante, relève Cécile Perron, est la fermeture expérimentale de zone à la pêche aux poulpes, à Boinatsa puis à Mtsahara : « Les poulpes sont plus abondants et plus gros, depuis. » Pour la présidente Bichara Bouhari Payet, « ce travail a montré aux pêcheurs et aux mahorais ce qu’était le Parc Naturel marin, et ce qu’il pouvait apporter. »
En déficit de notoriété, le Parc s’est bien rattrapé en 2016, « nous avons été en saturation de projets pédagogiques avec 2.500 enfants emmenés en sortie maritime. » Les élus ont eu droit eux aussi à leur sortie, et tous les participants se réjouissaient de l’implication du département, « avec 3 élus présents, concernés, et qui sont force de proposition en commençant par notre présidente », tenait à mettre en avant Cécile Perron. Il reste encore à mobiliser les mairies.
Pour éviter aux bateaux de plaisance d’endommager les coraux en jetant l’ancre, des mouillages ont été disposés et renforcés au tour de l’île, « nous en avons 57, et entretenus régulièrement ». Des couleurs différentes indiquent leur résistance, « jaunes pour les petits bateaux, blancs pour les plus gros. Nous en avons disposé 17 dans la passe en S. » Un nouveau marché vient d’être lancé, « budgétisé à 300.000 euros sur 3 ans. »
Formations au respect de l’environnement
Un marché qui intègre aussi les sentiers sous-marins, dont les premiers seront lancés avec la mairie d’Acoua et le collège de Mtsamboro : « Ce seront des randonnées palmées avec des petits panneaux explicatifs de la faune et la flore sous-marines. » Si le dispositif fonctionne, un sentier sera positionné sur la passe en S, « à disposition des opérateurs proposant des baptêmes de plongée. »
Les autres actions à mener en 2017 reconduisent pour la plupart celles qui ont déjà été engagées. Il s’agit du suivi de l’état de santé des récifs coralliens, du suivi de la pêche à pied, du soutien et l’animation de projets d’éducation à l’environnement marin auprès des scolaires, de l’organisation de Premières bulles au pays du corail dédié à la jeunesse mahoraise, de l’organisation de la course de pirogue le Défi du fundi, du recensement et la lutte contre le braconnage des tortues marines à travers notamment de l’animation du REMMAT, ou les formations au respect de l’environnement et à la pêche durable à l’Ecole d’apprentissage maritime, etc.
La qualité de l’eau en question
Le suivi de la qualité de l’eau est bien évidemment intégré aux objectifs, mais un peu noyé dans la masse, et plusieurs opérateurs souhaiteraient davantage de contrôle et de sanctions, en partenariat avec les acteurs qui en ont la compétence, mais aux moyens insuffisants, que sont la DEAL ou l’ARS.
De nouveaux projets sont prévus en 2017, comme le suivi des populations de poissons récifaux.
La création de l’Agence française de Biodiversité, avec la possibilité de mettre en place à Mayotte une Agence Régionale de Biodiversité, est un plus, renforcé par la désignation de Bichara Bouhari Payet comme membre du conseil d’administration de Agence française pour la biodiversité.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte