La solennité habituelle de l’amphithéâtre du CUFR aura été brisée par une entrée tonitruante. Celle de Khams, l’humoriste de Mayotte 1ère qui a assis sa notoriété sur ses sketchs où il est grimé en femme branchée. Il-elle s’annonçait en lectrice, sous les rires de la salle. Jusqu’à l’arrivée de la sublime Jane, qui jouait des reins autant de Khams de la poitrine… et la salle ne fut plus qu’un fou-rire lorsque Khams voulut montrer ses avantages, en demandant à Kamal, l’animateur de la TV publique, de lui enlever sa ceinture de chasteté.
Bouge-toi-Mayotte, BTM, a une fois de plus fait passer son esprit, ne pas se prendre au sérieux, tout en proposant une organisation bien mieux rodée que l’année précédente. Ce n’est que la 3ème édition de la Dictée Bolé, et on parle déjà d’une institution. C’est que la volonté de rassembler tous les âges, les communautés, les classes sociales, avait très vite trouvé son public à Mayotte où c’est un des fondements de la société.
Seulement 3 fautes à la prison de Majicavo
On ne s’en lasse pas donc, et les plus de 200 inscrits ont attaqué volontiers les premiers mots de « Levons l’ancre ! ». On peut juste reprocher que peu d’institutionnels aient répondu présents, seuls le 4ème vice-président Issa Issa Abdou, « je me suis entraîné », nous lâchait-il avant l’épreuve, Aurélien Siri, le directeur du CUFR et Nathalie Costantini, le vice-recteur, avaient relevé le défi. Quelques personnalités aussi, comme Mahamoud Azihary, qui nous livrait ses impressions à la fin de sa composition : « J’ai hésité pour l’écriture des mots maorais, mais j’ai opté pour ‘bouyous’ pour le fruit du baobab.
Une Dictée a été proposée dans le semaine, dans le même esprit, aux scolaires, puis au Centre pénitentiaire de Majicavo, avec plus d’une trentaine de participants sur 60 inscrits, « tous ont rendu leurs copies », et le meilleur a fait seulement 3 fautes.
Les sots et d’autres s’y sont laissés tromper
Si l’année dernière, l’orthographe tournait autour des fruits et légumes et des parfums du marché, cette année fut maritime, avec son « tirant d’eau », son « nautonier » (celui qui conduit un bateau), ou plus profond et plus compliqués, ses « madréporaires » ou « scléractiniaires » (coraux). Pire, les deux tendres et recherchées parties du poulet, nommée par le sobriquet sot-l’y-laisse, pour se moquer de ceux qui ignorent se morceau de choix, lorsqu’il se met au pluriel, multiplie-t-il les sots, « les sots-l’y-laissent » ? Il y avait de quoi friser l’indigestion.
« Mais pourquoi ‘marée’ ne prend qu’un ‘r’ et ‘amarre’ deux ?! », s’exclamait déçue, une participante lors du pot proposé à la sortie.
Les juniors pouvaient participer et un prix de choix leur était même dédié, un IPhone 5S offert par le partenaire Orange, ainsi qu’un abonnement à Flash Info. C’est une lycéenne de Bamana, Emma Gressier, qui arrivait en tête avec 14 fautes.
Les deux premiers adultes étaient royalement primés, puisque le premier reçoit 2 billets pour sa destination au choix, entre Dar-Es-Salam ou Tananarive, offert par Int’Air Iles. Il s’agit du patron de Somapresse Laurent Canavatte, avec 14 fautes, et le second, Daniel Dar, avec 22 fautes, une tablette Galaxy, une Imprimante, une enceinte et un casque Bluetooth. Ils avaient aussi en cadeau un stylo Touch’ du Bois.
Si vous avez loupé le coche cette année, comptez sur BTM pour réitérer en 2018, et mémorisez l’orthographe de « potron-minet », il revient chaque année !
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte