Difficile de dénombrer les sympathisants et curieux venus accueillir Emmanuel Macron sur le parvis de la mairie de Pamandzi, mais il retiendra la ferveur de la foule. « Macron, président, caribou », scandait un chant diffusé à grands renforts de décibels. « Nous avons recruté toutes les associations de déba et de danses de Dzaoudzi », nous expliquait Harouna Colo, le président du Comité de campagne « En Marche ! », à Mayotte.
Il avait indiqué lors d’une conférence de presse que le « statu quo » n’était plus tenable à Mayotte. Il s’en est expliqué lors de son meeting, en taclant les solutions faciles de celle qui le talonne aux sondages, Marine Le Pen, qui a séduit une grande partie de la population mahoraise, en attente d’une solution contre l’immigration clandestine.
« Je suis venu prendre des engagements. Marine Le Pen vous a promis qu’il n’y aurait plus d’immigration, et une sécurité parfaite, Marine Le Pen vous a menti. Qui peut promettre qu’il n’y aura plus de kwassas ? Personne ! Qui peut promettre qu’il n’y aura plus d’immigration clandestine ? Personne ! »
Mayotte, encore une fois la « honte » de la République
Il insiste bien sur le terme « engagements », « et non des promesses, parce que je les détaille et je les chiffre pour pouvoir rendre compte ensuite », dira-t-il aux médias plus tard.
« Je suis venu dire que la sécurité de Mayotte passe par le développement des Comores. Il faut un grand Pacte de d’investissement avec les Comores et avec la participation de l’Europe. Vous avez fait trois fois le choix de la République, la République doit être à la hauteur de votre ferveur », a-t-il scandé devant une foule acquise. Il a dit sa « honte » que l’insécurité règne sur un territoire de la République, notamment liée « à la présence d’Anjouanais et de Comoriens qui rajoutent de l’insécurité », et c’est le mot « honte » encore qu’il utilise pour évoquer les nombreux kwassas qui sombrent dans la mer.
Il détaillera sa manière de travailler avec une Union des Comores réticente, qui pose souvent en préalable le retour de Mayotte dans son giron : « Je conditionnerai l’aide au développement à un retour systématique aux frontières. » Pour Emmanuel Macron, si cela n’a jamais fonctionné, c’est que « la politique menée avec 20 millions d’euros, n’est pas à la hauteur des enjeux. Nous devons aller au bout de l’autodétermination et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. »
Un milliard d’euros pour la Guyane et Mayotte
Au niveau des annonces, pardon des engagements, il demande évidemment un vrai plan d’investissement pour le défi de l’eau potable et de l’assainissement, qu’il estime symbolique du manque d’investissements structurels à Mayotte : « Sur le plan d’investissement de 50 milliards d’euros pour le pays, un milliard sera fléché vers la Guyane et Mayotte. »
La zone franche, où l’on peut voir la patte de l’activiste Thierry Galarme, directeur du Medef, membre de son Comité de soutien, et le « déblocage du port de Longoni par des exonérations fiscales ». Il reprend là les mesures nationales, de simplification des règles, de flexibilité pour les entreprises, de la suppression du RSI. Il préconise un soutien de 15.000 euros sur 3 ans pour tout CDI signé.
Le candidat reprend les chiffres des besoins en salles de classe de 500 à 1.000, une estimation qui va du simple au double, en notant comme insuffisante les 110 construites sous le précédent quinquennat.
Pacte avec l’Union des Comores, et fort investissement pour booster un développement créateur d’emplois, et donc remède à l’insécurité, Emmanuel Macron vient de résumer son programme pour Mayotte.
Il a quitté notre île par le vol direct de 20h d’Air Austral, non sans nous avoir confié, « je m’attendais à un bon accueil, mais pas à une telle ferveur ! C’est exceptionnel ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte