La motion commune des parents d’élèves et du personnel revient sur les violences de ces derniers jours. Elles prennent naissance le 7 décembre 2016, lors de la remise des bulletins, quand des élèves agressifs passent par le collège pour pénétrer ensuite dans un bus dans l’intention d’agresser leurs camarades d’Acoua.
C’est une suite de règlements de compte sans fin qui s’en est suivi. Le lendemain, un élève agresse à coups de marteau et de chaines des élèves et un adulte aux abords immédiats du collège. Le surlendemain, une bande de 5 à 6 jeunes, est entrée dans l’établissement, où certains sont scolarisés, pour en agresser d’autres à l’arme blanche, pendant que des élèves et des professeurs se faisaient caillasser par des jeunes depuis l’extérieur.
Depuis le 10 avril, rebelote, un élève qui avait introduit une arme blanche à l’intérieur du collège a menacé élèves et adultes, tandis que les jours suivants, un chombo a été brandi, deux bus scolaires ont été caillassés, et ce 12 avril, des élèves cagoulés ont renversé les poubelles et les ont basculées dans l’enceinte de l’établissement, pendant qu’un bus scolaire était lui aussi, caillassé.
Deux fois plus d’élèves par surveillant
Face à cette situation, les enseignants ont exercé mercredi leur droit de retrait, tandis que ce jeudi, aucun élève ne s’est présenté, un sms ayant circulé à la demande de l’Association des Parents d’élèves pour leur demander de rester chez eux.
Les points de revendication listés dans la motion étaient débattus lors d’une réunion ce jeudi entre la direction du collège, l’administration, le vice-rectorat la mairie et les parents d’élèves. Ils concernent les moyens à mettre en œuvre par l’Education nationale, sans cibler les problèmes de société. A la sortie de la réunion en fin de matinée, peu de satisfaction chez les parents comme chez les enseignants.
« En matière de moyens humains portant sur le recrutement de surveillants, c’est un refus catégorique du vice-rectorat », rapporte le délégué SNES, enseignant depuis 7 ans à Mayotte, « alors que nous demandions un alignement sur la Seine Saint-Denis où un surveillant s’occupe de 72 élèves, contre 130 à Mayotte. Idem pour les Conseillers d’éducation qui se chargent du double d’élèves, et dans un établissement bondé. » Ils sont 1.163 pour un établissement qui n’est pas conçu pour.
« Nous venons d’ailleurs d’apprendre que le collège d’Acoua n’est plus d’actualité, puisqu’un gros lycée professionnel sortira de terre à Longoni, vers lequel sera basculé le lycée de Dzoumogné ». Les bâtiments de ce dernier serviront au collège. « Nous ne solutionnons donc pas le problème de sureffectif. »
Vidéo-surveillance et réfection des classes
Leur demande d’assistante sociale, de doublement de classes SEGPA, a été refusée, « parce qu’ils estiment que le nombre d’élèves à problèmes cognitifs ne le nécessite pas. »
Seule avancée en matière de personnels, 2 médiateurs devraient être affectés pour un moment à l’entrée du collège, « mais il y a toujours un gros problème pour les PEPS fournis par la préfecture qui ont été formés, qui connaissent les jeunes, et dont les 6 mois de contrat se terminent en juin ». La secrétaire d’Etat à la ville Hélène Geoffroy avait été sensibilisée à ce problème lors de son passage.
Les points positifs pour eux, portent sur la sécurisation de l’établissement et de ses abords. « Demain vendredi, un ingénieur du vice-rectorat se déplace pour évaluer les moyens à mettre en œuvre pour sécuriser l’ensemble du collège qui est une vraie passoire. Un sas sera mis en place à l’entrée des élèves, ainsi qu’un système de vidéo surveillance. » Mais aussi sur l’amélioration des conditions de travail et de vie : la réfection des classes qui seront repeintes, la mise en place de ventilateurs, la construction de farés et de bancs, « il n’y a que 50 places assises pour prés de 1.200 élèves dans la cour. Ils mangent par terre. »
Pas d’école demain
Encore une fois à Mayotte, un établissement va être bunkerisé, faute d’avoir trouvé des solutions en amont. Des alternatives sont proposées par des enseignants et des parents, nous y reviendrons.
A la sortie de la réunion, ça discutait fort du côté des parents d’élèves qui ne se sont pas sentis écoutés. Ils appellent à ne pas envoyer les enfants à l’école ce vendredi, « parce que des incitations à la violence circulent encore aujourd’hui sur les réseaux sociaux », nous apprennent les enseignants qui enseignants vont se concerter, « la colère monte sur les maigres réactions au regard des violences commises. »
Ils demandent tous qu’à l’issue de ce long week-end pascal, l’établissement ouvre en présence de la gendarmerie avec fouille des sacs obligatoire. « Sinon, nous exercerons de nouveau notre droit de retrait. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte