Une alternative aux établissements publics, Bernard Baille y réfléchit depuis longtemps, avec sa femme Dominique, comme il nous l’explique : « Nous avons ouvert l’école des Flamboyants en 2001, et il y a 4 ou 5 ans, la nécessité de poursuivre le cycle s’est fait sentir ». L’école sise aux Hauts Vallons, compte maintenant 14 classes, de maternelle et d’élémentaire, et sa petite sœur à Sada, 3 classes, « une 4ème ouvrira à la rentrée prochaine. »
La demande d’un collège privée est venue des parents, « beaucoup d’entreprises perdent leurs cadres qui repartent lorsque leurs enfants atteignent l’âge du collège. Beaucoup des parents de nos élèves sont enseignants, et jugent le niveau scolaire et de certains de leurs collègues, insuffisants. »
Les écoles privées à Mayotte sont hors contrat de l’Education nationale, c’est à dire qu’elles sont intégralement financées par les parents. Après 5 années d’exercice, elles peuvent demander à être liées par un contrat à l’Etat qui rémunère les enseignants. Sans cette aide, les frais de scolarité sont élevés, 250 euros par mois pour l’école, 395 euros par mois pour le collège. « Nous commençons avec 18 place de 6ème, un petit effectif pour s’assurer d’un bon niveau d’enseignement. Qui sera doublé par des cours du CNED en appuis de l’enseignement du professeur, issu de l’Education nationale, en cas de défection de celui-ci. » Des cours du CNED qui coûtent 895 euros à l’année.
Un bâtiment dédié au collège
Une scolarité qui ne concernera que des familles aisées, ne peut que contraster Bernard Baille, « tous nos CM2 ne pourront pas se le permettre », mais par soucis d’indépendance, il n’a pas choisi de démarcher des entreprises pour un appui financier.
La 6ème, dernière classe du cycle 3 qui intègre CM1 et CM2, sera pour l’instant hébergée sur le site de l’Ecole, « de l’autre côté de la rue », en attendant la construction d’un bâtiment dédié au collège, « à proximité de l’école », un investissement de 1,5 million d’euros pour 4 classes, « c’est un risque que nous prenons. » Une 5ème sera proposée dans deux ans, et ainsi de suite.
Bernard Baille prendra la direction du collège, et s’appuiera sur Marie-Jenny Douiri et Daphné Fazal-Karim. Et elles sont prêtes à relever le défi : « Nous avons les profs, les élèves, le matériel que nous fournissons totalement. Les élèves n’auront qu’à apporter une trousse. » Même l’uniforme est déjà en conception, « un polo qui sera vert et/ou gris, nous hésitons encore un peu. Même hors contrat, le collège est contrôlé par l’Education nationale.
« Les Flamboyants ont montré la voie ! », lance Slimann Michaut, au milieu d’un flot de parole. C’est que, en lançant le collège Hippocampe** à Combani, il a lui aussi, le sentiment de répondre à un besoin crucial à Mayotte : « Nous pouvons faire face aux difficultés médicales, mais scolaires, nous étions impuissants. » Or, lui et sa femme veulent rester sur cette île qu’ils connaissent depuis 1997. Les difficultés scolaires ressenties par leur fille de 19 ans de retour en métropole, ont incité cet homme d’affaires à ne pas réitérer pour la petite dernière de 5 ans.
Ils vont investir un bâtiment de 1.200m2 à Mroalé (Combani), « en ouvrant une classe par niveau du CM2 à la 3ème. » Chaque discipline de base sera dispensée pendant 3 heures en matinée et en après-midi, sur le rythme de 9h-midi et 13h-16h, soit 30 heures par semaine (voir la brochure d’information Infos parents Collège de l’hippocampe2). Les frais d’inscription sont de 200 euros par enfant, et de scolarité de 350 euros par mois sur 11 mois. Le transport est compris, avec des lignes de bus privés desservant Combani au départ de Mamoudzou et de Chirongui.
L’anglais et l’espagnol seront enseignés dès le CM2, et l’équitation est une des activités sport proposée.
60 inscrits
En tablant sur une centaine d’élèves, « 60 se sont déjà inscrits », Slimann Michaut table sur un budget de 400.000 euros, géré par la SARL « Les collèges de Mayotte », car il compte bien s’étendre… Il est appuyé par un établissement bancaire, la BFC, notamment pour le recrutement de la directrice, Bac +5, d’un directeur opérationnel, et d’un responsable du démarchage des entreprises.
Les enseignants sont en majorité des titulaires de l’Education nationale, les autres sont essentiellement des professeurs de langue issus du pays d’origine ». Ils sont payés sur les mois d’enseignements. Il envisage de demander dans 5 ans à être sous contrat avec l’Etat.
En attendant, les prix ne sont pas à la portée de toute les bourses, mais pourraient donner des idées à des employeurs qui souhaitent garder leurs collaborateurs : à quand les primes scolarité à l’image des primes logement ?…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Les Flamboyants 0269 61 55 17 – college-mayotte@lesflamboyants.fr
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