Une petite réunion médiatisée centrée sur le sens civique dont ont fait preuve trois jeunes hommes dans l’arrestation d’un caillasseur était organisée ce mercredi à la Médiathèque de Passamainty. Plusieurs jeunes y assistaient.
Lundi soir, l’entrainement du Hand Ball Club à Passamainty fut plus agité que d’habitude. Une bande de jeunes ayant caillassé un véhicule de la Brigade de sûreté urbaine de passage, les forces de l’ordre ripostèrent à coup de bombes lacrymogènes. L’un d’eux, revint à la charge pour briser le pare-brise de la voiture.
L’entraineur et deux joueurs quittèrent alors le terrain pour attraper le jeune de 14 ans et le remettre aux forces de Police. Moussa Miftahou, 32 ans, Kolo Chanffi, 39 ans et Abdillah Mguereza, 41 ans, ont réagi « pour protéger les enfants que nous avions à l’entrainement ».
« Moi, j’ai déjà lancé des cailloux sur les policiers ! »
« Acte de courage, acte républicain qui réhabilite le quartier » comme aimera à le répéter Jean-Pierre Frédéric, directeur de cabinet du préfet, « mais surtout une action qui s’ajoute aux autres preuves de civismes récentes ». Hier, c’est une maman qui, sur les aveux de son fils, est allée récupérer les ordinateurs qu’il avait dérobés dans le bureau du cadi de Passamainty, pour livrer butin et complices au Commissariat.
Le capitaine de Police nationale Chaharoumani Chamassi donnait à l’acte un sens culturel, « vous avez fait montre de solidarité comme la pratiquait nos parents ». Il s’adressait aussi à la vingtaine de jeunes du quartier venus en spectateurs, mais aussi avec des questions : « c’est vrai que vous relâchez immédiatement les délinquants ? » demandait une très jeune fille. « C’est la justice qui décide après enquête » répondait le capitaine.
Jean-Pierre Frédéric s’enquérait alors : « quelqu’un a déjà lancé des cailloux ? »… Contre toute attente, un doigt se lève : « moi, sur la Police… mais c’était pendant les grèves » se dédouanait ce jeune, pas plus âgé que 10 ans, qui en avait donc 2 de moins lors des émeutes de 2011. Trait d’honnêteté ou fierté mal placée devant ses camarades rigolards, Chaharoumani Chamassi choisissait la première version : « Aucune excuse, les portes de la prison n’en sont pas moins ouvertes… mais ton honnêteté prouve que tu n’es pas perdu ! ».
Le jeune caillasseur interpellé est en prolongation de garde à vue au Commissariat.
A. P-L.