L’ONU autorise la Cour internationale de justice à étudier le dossier des Chagos

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La base militaire des Chagos (Photo: Wiki commons)
La base militaire des Chagos (Photo: Wiki commons)

«Je ne m’attendais pas à une victoire de cette ampleur». Les premiers mots de sir Anerood Jugnauth, l’ancien Premier ministre mauricien de retour de New-York, traduisent la profonde satisfaction de l’Île Maurice après le vote de l’ONU qualifié «d’historique» sur le dossier de l’archipel des Chagos.

La requête de Maurice devant les Nations-Unies visait à déférer le dossier à la Cour internationale de justice de La Haye pour avis. Depuis son indépendance en 1968, Maurice revendique sa souveraineté sur les Chagos, territoire britannique de l’océan Indien. L’archipel de 55 îles a été détaché de Maurice par les Britanniques en 1965, 3 ans avant l’indépendance, pour y construire la base militaire de Diego Garcia, louée aux Etats-Unis.

Pour mener à bien son projet, le Royaume-Uni a vidé l’archipel de ses habitants: entre 1966 et 1973, les Chagossiens ont été intégralement expulsés et déportés vers Maurice et les Seychelles et depuis près de 50 ans, ils luttent pour obtenir réparation et revenir chez eux.

ChagosDepuis longtemps, Maurice cherchait une solution diplomatique et judiciaire à cette crise. Mais alors que les discussions promises n’ont jamais réellement démarré, Port-Louis attaque à présent Londres et Washington de front. Pour Maurice, il ne fait plus de doute que ces deux capitales ont œuvré pour gagner du temps et tenter d’étouffer ses revendications.

94 voix pour

Les discussions bilatérales étant dans l’impasse, ce lundi, c’est donc devant l’Assemblée générale de l’ONU que le dossier était porté. Sans détour, Maurice a accusé Londres d’avoir démembré son territoire en contradiction avec le droit international. «Les Anglais nous ont enlevé notre territoire illégalement. Et la décolonisation n’a pas encore été achevée», ont affirmé les Mauriciens.

Au cours des débats, ils ont été rejoints par de nombreux pays qui ont dénoncé le traitement indigne et inhumain infligé au peuple chagossien. De leur côté, les Britanniques ont tenté de faire valoir que l’Assemblée générale des Nations unies n’avait pas à s’immiscer dans des affaires bilatérales.

La salle de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York (Photo: ONU)
La salle de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York (Photo: ONU)

Et c’est donc Maurice qui a obtenu gain de cause. La résolution demandant que le dossier des Chagos soit déféré pour avis à la Cour internationale de Justice a été approuvée à une très large majorité: 94 états ont voté pour, dont les pays de l’Union Africaine et, appui important dans la région, l’Inde qui a réaffirmé un soutien sans ambiguïté.
La Grande-Bretagne et les Etats-Unis n’ont rassemblé que 15 Etats pour voter contre, dont l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou le Japon.

La France s’abstient

Il est à noter que la plupart des pays de l’Union européenne, dont la France, se sont abstenus comme 65 pays au total.
Cette abstention française reflète une position qui continue de privilégier un règlement de ce litige de souveraineté par des négociations bilatérales, émettant des doutes sur l’opportunité de la saisine de la Cour internationale de Justice, sans pour autant s’y opposer.

L’Etat mauricien va donc à présent pouvoir saisir la Cour internationale de justice pour obtenir un avis consultatif et Sir Anerood Jugnauth se montre confiant, comme les membres de la délégation des exilés des Chagos qui ont accompagné les autorités mauriciennes à New York.

Si le vote de ce 22 juin 2017 donne au dossier une dimension internationale inédite, les Chagossiens savent tout de même que leurs revendications, territoriales et humaines, sont encore loin d’être satisfaites.

RR
www.lejournaldemayotte.com

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