Mayotte connaît, depuis deux ans, une inflation modérée qui traduit une activité économique morose.
Après 1,4% en 2012, les prix à la consommation augmentent de 1,3% en 2013 à Mayotte indique le dernier bulletin de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economique (INSEE). Il faut dire que la France dans son ensemble est entrée dans une période de faible inflation, +0,9% en 2013.
Cette tendance traduit généralement une activité économique atone, accompagnée par un taux de chômage élevé en métropole 11%, contre 27% de chiffre officiel à Mayotte où l’on dépasse réellement de 50% la part d’inactifs en âge de travailler. Preuve d’un ralentissement, le nombre de navires accueillis au port de Longoni a chuté de 14% en 2013 par rapport à 2012, pour des navires de même tonnage (chiffres Pilotage de Mayotte).
Depuis 2007, l’inflation mahoraise dépasse celle de la métropole essentiellement du fait des hausses répétées du SMIG (Salaire minimum Interprofessionnel garanti) vers une convergence du SMIC (Salaire minimum de croissance) métropolitain prévue pour l’année prochaine. Il en atteint plus de 98% grâce à une réévaluation de 2,2% au 1er janvier 2014.
Les postes dont les prix ont le plus augmenté sont l’alimentation, les services et le tabac. Les prix de l’alimentation ont en effet progressé de 3,8% contre 0,6% en 2012, par le fait des produits céréaliers, du poisson (+5,9%), des œufs, des produits laitiers et des viandes et volailles (+4,1%). Ce sont eux qui impactent le plus le budget des familles puisqu’ils constituent la dépense principale des plus modestes : «ils contribuent ainsi pour 1 point», soit 70%, à la hausse des prix.
Une hiérarchisation des dépenses différentes de la métropole
Les prix des services ont aussi participé à l’inflation, mais moins qu’en 2012. «Ils représentent un tiers des dépenses de ménages». Ceux des transports et communications augmentent encore fortement +4,2%, mais de moitié par rapport à 2012.
Enfin le tabac voit ses prix s’envoler, +8,7% après 6,5% en 2012, mais avec une part faible dans le budget des ménages à Mayotte puisque selon l’INSEE ils ne contribuent que très peu à l’inflation générale.
Certains prix sont en baisse : ceux de la restauration, des services de santé, de l’énergie (-0,5%), essentiellement due à la «baisse du prix de la bouteille de gaz par rapport à 2012 et des promotions sur le charbon de bois pendant la période du Ramadan», indique l’INSEE. Des prix de l’énergie dont la hausse ralentit en France sous l’effet de la baisse des prix des produits pétroliers.
Autres prix à alléger le portefeuille des ménages, ceux des produits manufacturés, qui représentent un tiers de leurs dépenses en moyenne, du type photo et informatique, véhicules, ou habillement et meubles qui voient leur prix reculer.
Les ménages les plus modestes, dont les produits alimentaires constituent la dépense prioritaire, mais aussi paradoxalement à Mayotte les télécommunications, sont donc ceux qui ont été le plus affectés par la hausse de prix en 2013,
A noter que sur l’année 2013, le pouvoir d’achat du SMIG augmente de 1,1%, contre 2,1% en 2012 (INSEE).
Anne Perzo-Lafond