Nous sommes le 9 décembre 2016. Il est 13 heures et un vent de panique s’empare des quelque 1000 élèves en pause déjeuner dans l’enceinte du collège. Trois individus armés viennent d’entrer dans le collège en escaladant les grilles, et sont à la recherche de jeunes d’Acoua.
Parmi les intrus, un seul majeur, convoqué ce mercredi au tribunal.
Identifié par la vidéo-surveillance, et reconnu par cinq témoins, le jeune homme n’en était pas à son coup d’essai. Le matin-même, à 7 heures, il était déjà venu s’en prendre à un collégien d’Acoua, frappé à coups de pieds, de chaînes. Des témoins font état d’un marteau.
Inaudible à la barre, le prévenu n’en mène pas large, visiblement moins expressif devant trois magistrats, qu’avec ses copains. S’il reconnaît les violences du matin, il nie avoir été présent à 13 heures. Malgré les témoignages qui l’identifient. « Pourquoi venir frapper un collégien, un copain de votre frère ? » tente de comprendre le président. Pas de réponse. La question est posée encore, et encore, mais le prévenu ne répondra pas. « Vous avez le droit de vous taire, alors taisez vous, s’agace le juge. »
Les magistrats auraient pourtant bien aimé comprendre pourquoi ce jeune lycéen s’en prend aux gamins du village voisin. Pourquoi cette violence a amené à évacuer l’un d’eux à la Réunion, atteint à la tête par un coup de combo. « C’est une catastrophe, monologue le président face au silence du prévenu. C’est comme ça à Mayotte, il faut du sang. »
« Je veux comprendre comment on peut arrêter cet engrenage »
Pour le procureur, le jeune homme est à un tournant. « Il faut faire un choix maintenant, choisir son camp. Soit on rentre dans le droit chemin et on finit ses études, soit on choisit la délinquance et on finit pour 15 ans à Majicavo ! »
« La vous risquez 7 ans, mais s’il y avait eu un blessé grave, c’était Majicavo, direct, appuie le président. Je veux comprendre comment on peut arrêter cet engrenage, qu’est-ce que vous respectez ? »
Cette nouvelle tentative fait chou blanc.
Rappelant que suite à ces violences le collège avait dû être fermé par la gendarmerie, le parquet requiert 10 mois ferme. Le jeune homme écope finalement de 10 mois avec sursis, et de 150 heures de travail d’intérêt général. Une sorte de dernière chance, avant la prison.
Y.D.
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