Pamandzi s’est dotée d’un nouveau responsable Culture, en la personne de notre confrère de Mayotte 1ère, Anli Bedja. Il avait notamment sollicité les anciens, qui ont fait vivre une Mayotte que l’on ne connaît plus, devant une salle pleine à l’AJP.
Jean-Claude Novou, tout d’abord, mémoire vivante, avec lequel nous évoluions par l’imagination à partir du rond-point de Mayotte 1ère , vers Pamandzi, puis vers Dzaoudzi. Au fil des quartiers, de grands noms de Mayotte, toujours propriétaires des terres, puis, au détour d’une rue, on imagine une fontaine, « il y avait un djinn, revêtant le physique d’une très jolie femme, assise jambes croisées, qui attirait les passants ». Plus loin, disparu, « un ancien fabriquant de cercueil. Je lui en ai commandé un, mais il est parti avant moi ! », puis, c’est le chef du village Madjid, qui revit dans sa mémoire, « et à côté, la patriarche de la famille Subra, un homme d’une grande gentillesse, que je n’ai jamais vu s’énerver. Il conseillait tout le monde. »
De l’autre côté, vers Dzaoudzi, c’est l’époque de Zéna Mdéré, « quand les politiques arrivaient de métropole, on se retrouvait tous là autour d’un maoulida chengué. » Et ça devient carrément pittoresque quand il évoque l’aéroport : « On faisait un feu avec de la paille pour indiquer à l’avion l’orientation du vent. Lorsqu’on voyait la fumée s’élever, on savait qu’un avion allait atterrir. » Là nous sommes du côté des « bons musulmans », « le père de l’ancien président du conseil général était d’ailleurs transporté sur une chaise à porteur », alors que de l’autre côté, vers Pamandzi, c’était les métissés, à majorité catholiques.
« Je ne reconnais plus Mayotte »
Une vision de Mayotte qui n’échappe pas à la nostalgie malgré la modernité entrée par la grande porte, « je ne reconnais plus Mayotte. Tout le monde à des droits, personne n’a de devoirs ! »
Des problèmes de son n’ont pas permis d’écouter ensuite le documentaire d’une interview d’une autre grande mémoire de Mayotte, le docteur Martial Henry, et c’est une particularité du village, le puits Oussinnée qu’il était proposé de découvrir. Comme toute source d’eau, elle a ses esprits, djinns, et légendes : « N’ayant pas l’électricité, nos anciens faisaient la cuisine avant le coucher du soleil, il fallait faire vite. Cette eau avait la particularité de cuire les ambrevades beaucoup plus rapidement que partout ailleurs », explique Sabra, une bénévole des JEP de Pamandzi.
Une fontaine appartenant à un habitant originaire de Grande Comore, « il est d’ailleurs enterré à côté du puits ».
Zéna Mdéré, ancien foundi d’école coranique
Ensuite, les pas nous mènent vers la tombe de Zéna Mdéré, « elle n’a pas eu d’enfants, mais c’est notre mère à tous. Elle s’est battue pour notre avenir. »
Née en 1917 à Pamandzi de mère mahoraise et de père d’origine malgache, elle a été la principale figure du mouvement des « chatouilleuses » des hommes politiques, en réponse au transfert de la capitale des Comores vers Moroni en 1966, qui les privait de leurs époux. Elle a exercé en tant que foundi d’école coranique et a beaucoup participé à l’ancrage de Mayotte au sein de la République Française.
Une journée dûment préparée, la clarté des pancartes explicatives auront contribuées à faire une réussite de cette plongée dans l’Histoire toujours utile pour comprendre cette île métissée qu’est Mayotte.
Ce dimanche, les JEP se poursuivent (lire JEP2017_DPresse_A4_WEB 6)
A.P-L.
Le Journal de Mayotte