Sans doute le gouvernement aura-t-il entendu les doléances des collectivités, particulièrement ultramarines, puisque le premier ministre Edouard Philippe a annoncé jeudi 21 septembre, que « 200.000 contrats aidés » seraient financés en 2018, « intégralement dans le secteur non marchand », touchant donc les collectivités, les associations, etc. Il rajoutait que ces contrats aidés bénéficieraient à l’Outre-mer et aux communes rurales et seraient soumis à « une exigence de formation » qu’il qualifiait aujourd’hui de « trop souvent insuffisante ».
Le taux moyen de prise en charge par les pouvoirs publics sera de 50%, contre 75% auparavant. Dans son nouveau courrier (Lire 57-CONTRATS AIDES-SUITE) au premier ministre, Roukia Lahadji explique les difficultés financières d’un territoire qui « n’a que 6 ans de départementalisation ».
Des dépenses multipliées par 10
Mayotte sous-structurée, que l’on met dans le même panier que les autres départements aux reins plus solides, et aux recettes fiscales abouties, c’est le fond de son appel au gouvernement : « Sous accompagnées par le droit commun et dans l’incapacité de recouvrir nos recette fiscales, les emplois aidés nous permettaient d’exercer tant bien que mal les compétences qui nous étaient dévolues : entretien des voiries, des écoles du 1er degré, animation périscolaire, médiation et sécurité publique, missions de gardiennage,… »
Par exemple, en l’absence d’emplois aidés, la maire a du recourir à des services extérieur, notamment pour l’entretien des établissements scolaires, pour un coût annuel de 190.080 euros contre 19.800 euros par les contrats aidés, soit 10 fois plus.
Pas de mendicité
Si nous relayons son courrier, c’est qu’il émane d’une maire dynamique, en avance dans bien des domaines. Elle souligne d’ailleurs que ce n’est pas un « courrier larmoyant d’une collectivité qui mendie assistance », mais une demande de « stabilité dans les politiques d’accompagnement » de la part d’une commune qui se bat « au quotidien », notamment « avec les services déconcentrés de l’Etat pour rattraper nos retards dans tous les domaines, et cela porte ses fruits ».
Evoquant la situation de l’ensemble des communes de l’île, Roukia Lahadji, qui signe son courrier sous son autre nom, Hanima Ibrahima, craint qu’au regard des dépenses à assumer, « une mise sous tutelle de nos collectivités est à craindre ainsi qu’un véritable coup de frein aux différents projets d’aménagement ».
Dans quelle mesure le jeune département que nous sommes tirera partie du rétropédalage du gouvernement en matière d’emplois aidés ? C’est à nos élus nationaux de nous le dire, et un front commun contre cette mesure à Mayotte, serait le bienvenu.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte