Soins à domicile

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CARNETS DE JUSTICE. L’audience correctionnelle débute sur une affaire d’agression sexuelle sur mineure. Le prévenu est condamné à 5 ans de prison, dont 2 ans avec sursis. Il retourne en prison. Puis, c’est au tour du Dr Y. de passer à la barre. Les faits qu’on lui reproche remontent au 5 novembre 2011. Ce matin-là, à peine a-t-il pris son service au CHM qu’il quitte sa blouse pour faire demi-tour chez lui à Tsararano. Son voisin vient de l’appeler, un cambriolage a lieu chez le médecin.

Il est 9 heures. « Vous téléphonez alors à la gendarmerie, mais ils n’arriveront qu’à 15 heures », relate le président du tribunal Jean-Pierre Rieux. Arrivé sur place et excédé, il décoche un aller-retour sur le visage du cambrioleur présumé, Marc*. Le jeune homme, mineur, n’est déjà plus très fringant. Attrapé par le voisinage, il a reçu quelques coups. Une femme l’affirme, elle a vu le gamin d’une quinzaine d’années se trimbaler avec un écran plat sous le bras enveloppé dans un drap.

Le Dr Y. est à la barre, ce mercredi, pour violence commise en réunion, arrestation et enlèvement. Et aussi « séquestration » car Marc a parlé, il a balancé son complice, Mickaël*. Le médecin met alors en route son réseau. « C’est un ami de Tama [une association d’aide à l’enfance, NDLR] qui m’a dit qu’il habitait à Ouangani, c’est ensuite un conseiller municipal du village qui m’a indiqué l’adresse exacte », précise-t-il au tribunal. Mickaël est placé dans une famille d’accueil.  « La tutrice nous a donné l’autorisation de rentrer chez elle, de fouiller la maison et de nous laisser emmener Mickaël », relate le médecin. Presque tout le butin est retrouvé, mais il manque un I-Phone. Y. veut le faire parler en le « gardant » chez lui. Il n’est pas mal traité, il est nourri et même invité à dormir à la cave… Au petit matin il prend la poudre d’escampette.

Quelques jours plus tard, Marc porte plainte pour coups et blessures, ce qui déclenche l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre du médecin. Les victimes cambrioleuses, elles, ne sont pas à l’audience. « On a essayé de les contacter, mais ils sont introuvables », déplore Jean-Pierre Rieux.

Bijoutier de Nice

« Sur le plan humain on peut comprendre la réaction, mais du point de vue de la justice la elle est tout à fait inappropriée […] Ce n’est pas tolérable, ni acceptable », récite le procureur sans avoir l’air totalement convaincu par ses propos lors de ses réquisitions. Il requiert 1 000 euros d’amende.  Au tour de la défense qui tente de démonter le qualificatif de séquestration. « Marc n’a pas été privé de liberté », soutient l’avocat du prévenu. Il demande une dispense de peine. Ce sera 500 euros d’amende.

À la fin de l’audience, lorsque nous demandons au médecin ce qu’il pense de la réaction du bijoutier de Nice après un cambriolage, il indique « comprendre son geste ». Sa condamnation n’est pas inscrite au bulletin numéro deux de son casier judiciaire, ce qui permettra au praticien de continuer d’exercer dans le service public. Judicieux en ces temps de pénurie médicale.
A.L.