Lourdes peines pour des pilotes de kwassa

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Le bateau intercepteur "Makini" de la PAF (Images d'archives)
Le bateau intercepteur « Makini » de la PAF (Images d’archives)

« Ils n’ont plus peur de rien ». Cette petite phrase d’un policier de la PAF résume la détermination inconsciente des pilotes de kwassa, prêts à tous les risques pour éviter d’être interpellés.
En quelques heures, dans la nuit du 29 au 30 octobre, plusieurs barques ont été arraisonnées, et le comportement dangereux des pilotes leur a valu de lourdes peines de prison.
La première embarcation a été repérée par un écho radar et contrôlée par l’hélicoptère de la gendarmerie. En attendant l’arrivée d’un navire intercepteur, l’aéronef s’est positionné à basse altitude pour ralentir le kwassa, mais le passeur a jeté des pierres vers l’hélicoptère. En audition il admettra qu’il espérait ainsi « le faire exploser ». Lorsque l’intercepteur M’Djabbar est arrivé sur les lieux, le kwassa a poursuivi sa route, n’hésitant pas à foncer sur l’intercepteur des gendarmes, brisant un bloc moteur des militaires. Le kwassa a finalement pris l’eau et a pu être abordé par les gendarmes qui ont de nouveau fait l’objet de jets de pierre, et on dû menacer le passeur de leurs armes pour le maîtriser et secourir les passagers. Ce dernier a tenté de fuir à la nage avant d’être à son tour secouru par un gendarme qui s’est mis à l’eau. Lors du procès, le passeur a affirmé que le gendarme avait tenté de le noyer, Le parquet a requis 3 ans de prison contre le pilote et 3500€ d’amende. Le tribunal est allé bien au delà de ces réquisitions en prononçant 4 ans ferme et 6000€ d’amende. Une sanction pécuniaire qui doit empêcher le condamné d’économiser en prison pour « financer un prochain voyage ».

« Un cynisme à toute épreuve »

Le même soir, un autre passeur était arrêté pour avoir tenté de couler un bateau de la Police aux frontières, au large de M’Tsamboro. Nous en parlions dans le JMD.

Pas d’hélicoptère cette fois, mais également des pierres lancées sur l’embarcation des policiers, et même des coups de chombo sur le boudin du semi-rigide pour tenter de les couler. Selon les policiers mahorais de la PAF présents à bord, le passeur criait « Si tu approches je te tue ». Là encore, il aura fallu une longue poursuite en mer, faite de jets de projectiles et de tentatives de collision, avant que le kwassa ne prenne l’eau, mettant la vie de ses 14 passagers, dont un nourrisson en danger.
Fait particulier, pour la première fois de leur carrière, les policiers de la PAF ont dû faire usage d’armes de défense à balles de caoutchouc contre le passeur durant la course poursuite, celui-ci s’en prenant directement à eux lors de l’abordage.

Quand le bateau a commencé à couler, le passeur s’est débarrassé de ses vêtements et s’est enfui à la nage, laissant les passagers derrière lui. « Je me suis d’abord protégé, j’avais peur que les gens qui ne savent pas nager s’accrochent à moi et me coulent, et la police était là pour les aider » tente de justifier le prévenu.  »
Après 15 minutes de nage, épuisé, il a finalement accepté de monter à bord du bateau de la PAF. Son prélèvement génétique a permis de déterminer qu’il avait déjà été interpellé 13 fois, sous autant d’identités différentes.

« Vous êtes d’un cynisme à toute épreuve » charge la présidente du tribunal, désespérée par tant de mauvaise foi. Peu avant, il avait tenté de faire croire que le chombo et les pierres à bord servaient respectivement à couper le jerrican pour écoper au besoin, et à réparer le moteur. Les faits montrent que ce sont surtout des armes que les passeurs prévoient pour s’en prendre aux forces françaises en cas d’interception.

« Les méthodes évoluent » déplore Me Hesler, avocat des policiers agressés pendant cette interception.

Le procureur a cette fois requis 4 ans ferme et 2000€ d’amende. Le tribunal a suivi les réquisitions sur l’amende, mais a prononcé deux ans de détention.

Y.D.

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