Jeudi soir, des menaces avaient été proférées concernant une fermeture des Urgences par des manifestants. Ce vendredi matin, un important dispositif de police et de gendarmerie a été mis en place pour éviter tout débordement. « Nous sommes là pour nous assurer que les Urgences fonctionnent comme elles doivent fonctionner, car l’accès aux soins est un droit garanti » expliquait le commissariat à 8 heures, justifiant le dispositif mixte police-gendarmes mobiles déployé devant l’entrée.
Mais une heure et demie plus tard, c’est l’effet inverse qui s’est produit. La présence policière causant de facto une limitation d’accès au service, par un effet d’intimidation passive, ou par les contrôles effectués.
« Le service des urgences est ouvert, mais il est filtré » nuance une source policière qui explique que « ce sont les consignes ».
Ainsi vers 9h30, à l’entrée, un groupe de femmes se présente. Un fonctionnaire leur demande si elles ont une convocation. Contrôle minutieux du carnet de santé, et donc d’identité. Elles entrent.
Derrière elles, un homme d’une cinquantaine d’années se présente, explique en shimaoré qu’il a rendez-vous. On lui demande sa convocation, il fouille ses poches, rien. l lui faudra plusieurs minutes au téléphone pour avoir un interlocuteur qui le sorte d’affaire. Pendant qu’il téléphone, une femme avec un bébé est autorisée à entrer grâce au médecin qui l’accompagne et qui présente son badge aux policiers en faction.
« Ceux qui disent aller aux urgences passent systématiquement »
Pourtant, l’article R6123-18 code de la santé publique est clair : » Tout établissement autorisé à exercer l’activité mentionnée au 3° de l’article R. 6123-1 est tenu d’accueillir en permanence dans la structure des urgences toute personne qui s’y présente en situation d’urgence ou qui lui est adressée, notamment par le SAMU. »
La directrice du CHM Catherine Barbezieux, surprise par nos questions sur ces observations a « mené une enquête » et « envoyé deux directeurs adjoints sur place ». Elle confirme les contrôles mais assure que la loi est respectée.
« Il n’y a absolument pas de blocage par les forces de police. Il y a un contrôle pour savoir si les patients ont rendez-vous, si oui dans quel service. C’est ma responsabilité d’assurer la sécurité du site. En revanche, ceux qui disent se rendre aux urgence passent systématiquement, personne n’a été refoulé. Il y a eu une incompréhension » conclut la directrice.
Pourtant à l’intérieur, les couloirs étaient dans le même temps exceptionnellement vides. « On n’a personne, note un médecin. Qu’ils aient ou non des papiers, les patients préfèrent faire demi-tour devant un cordon de gendarmes et se faire soigner plus tard. »
En revanche, le centre Jacaranda a rouvert ce vendredi, tant la pharmacie que les consultations. Mais la faible affluence tranche avec la foule habituelle.
A l’entrée principale, toujours fermée au public, les syndicats bloquaient la route, d’abord avec des palettes, finalement remplacées par une camionnette de police en milieu de matinée. Le syndicaliste Saïd Hassani, élu CFDT au CHSCT déplore la tournure des événements et condamne les menaces de la veille sur les urgences. « Ces menaces, on ne les cautionne pas du tout, il n’a jamais été question pour nous de perturber les Urgences. Notre cause n’est pas de fermer ce service mais de crier haut et fort nos revendications. »
L’intersyndicale était quant à elle en réunion pour décider de la suite des actions à mener.
Y.D.