Le «Grand casting de l’Océan indien» portait bien son nom. A l’issue de la finale ce samedi soir, l’Ile Maurice, La Réunion et Mayotte se partagent les titres d’une première qui a pleinement satisfait Bruno Berberes, le directeur de casting. Récit de la soirée.
18h30. Après trois séances d’auditions et une semaine de préparation, la pression monte sur les 13 finalistes du Grand casting.
Dernières mises en place, derniers réglages sons, dernières balances pour la guitare de Mikidache, membre du jury, qui doit lui aussi interpréter un titre dans la soirée. Vanessa a un coup de stress maquillage : dans la salle, la lumière est jaune, elle est bleue dans les toilettes, impossible de savoir si tout va bien.
Au bar, David suit les conseils de ses nouveaux amis : il sirote un petit rhum arrangé pour rester zen.
19h05. Ouverture des portes, le public entre dans la salle du Koropa Club. En coulisse, Kamar se laisse envahir par le stress. Les membres du jury viennent le réconforter et lui donner les derniers conseils en cas de trou de mémoire. Il a la lourde tâche d’ouvrir la soirée.
20h15. «Il n’y a jamais eu de représentants de Mayotte dans un programme musical. J’espère pouvoir réparer ça», explique Bruno Berberes, le directeur de casting de The Voice et de nombreuses comédies musicales. Les présentations sont faites, le jury s’est installé, stylo en main pour juger les deux prestations de chacun des candidats. Kamar peut s’attaquer à Steevie Wonder pour son premier passage.
Trop de stress, il passe totalement à côté de son interprétation, c’est la déception. «Je ne crois pas avoir été totalement mauvais», confie-t-il en coulisse après son passage, une façon de garder un peu de confiance pour la deuxième partie du spectacle.
Après Anisse, d’origine malgache et David, le franco-libanais, voici Hans venu d’ l’Ile Maurice. Auteur, compositeur, interprète, le jeune homme a choisi de présenter avec sa guitare un de ses propres morceaux. Avec son aisance, son calme et son sourire, il emporte immédiatement l’adhésion de la salle. Il invite le public à reprendre le refrain pour détendre l’atmosphère et «déstresser les candidats derrière» en coulisse.
Zily enchaine, pour un moment «mahorais». La jeune femme a choisi d’interpréter un air du 101e département avec une voix et un timbre très éloignés des standards internationaux. Elle a osé, le public est ravi, ravi aussi de sa robe faite spécialement pour l’occasion par une amie.
Et la soirée continue avec les sons pop et folk de Guigs, qui bluffe tout le monde à la guitare, les trous de mémoires de l’attachante Joséphine, l’émotion de la Réunionnaise Laurence.
21h15. Les 13 candidats ont assuré, avec plus ou moins de bonheur, leur premier passage. Mikidache, le musicien mahorais du jury prend le micro pour saluer la «belle brochette artistique». Et c’est d’ailleurs lui enchaine avec une de ses compositions avant un petit entre-acte.
En coulisse, Jonathan reçoit les conseils de ses proches alors qu’il a plutôt bien réussi son passage avec sa guitare. Antho, qui a mis le feu, raconte sa vie à Sandy Coops, la coach vocale, pendant que Zily appelle sa maman.
Vanessa n’est pas satisfaite de sa «dernière danse» d’Indila, elle s’acharne sur son téléphone portable. «Tout le monde observe les réactions de Bruno Berberes. J’ai vu qu’il avait parlé à son voisin pendant mon passage, je ne sais pas ce que ça veut dire. J’ai tellement envie qu’il sache que je chante mais que je suis aussi une danseuse…»
Guigs est manifestement content d’être là et très agréablement surpris par l’ambiance : «Il n’y a pas d’esprit de compétition comme on peut le voir parfois. On est tous là pour nous soutenir les uns les autres, c’est vraiment bien.»
21h50. Le show recommence avec à nouveau Kamar, nettement plus à l’aise, qui reprend un air de la comédie musicale Notre-Dame de Paris.
Les uns après les autres, les candidats défilent à nouveau. Sikina après un “Imagine” de John Lennon arrivé tout droit de son village natal de Bandraboua, s’attaque au monument “i look to you » de whitney Houston.
Mauro, l’Italien, chante en français «ca marche» tiré du spectacle «Le roi soleil».
23h. Les dés sont jetés. Baptiste Jung à l’origine de l’opération est satisfait de «la belle cohésion» qui régnait dans le groupe.
Bruno Berberes prend la parole : il salue le travail fait par les coach vocaux en une semaine, à peine, «bravo pour ce travail parce que je l’ai entendu sur scène». «Je me promène partout en France et ce soir, je peux vous dire qu’il y a avait 13 artistes. J’ai été épaté par 6 ou 7 d’entre eux. De mon côté, il y a beaucoup de projets qui se dessinent et j’aurai l’occasion d’en parler directement à plusieurs d’entre vous».
Quant à la compétition du Grand Casting, le jury se retire quelques minutes pour délibérer avant d’annoncer son verdict . Quatre candidats vont être récompensés.
Les deux vainqueur ex-aequo sont Hans et Guigs, visiblement heureux et émus de la distinction. Zily reçoit un coup de cœur du jury pour ses choix d’allier musiques mahoraise et française. Enfin, Bruno Berberes décerne un coup de cœur personnel à Laurence, «c’est une chose que je ne fais jamais, mais j’ai été très impressionné.»
Franck Servel de l’association Wama, organisateur de la soirée, partage sa joie : « Je suis très ému car on a eu très peu temps pour monter cette opération. On espère avoir encore plus talents l’an prochain !» Le rendez-vous est lancé pour tous ceux qui voudraient faire de leur voix, l’instrument de leur réussite.
RR