Le hip hop est encore une jeune aventure à Mayotte. Peu structuré il y a encore 10 ans où les équipes se faisaient et se défaisaient au gré des (dé)motivations, il a trouvé son toit en l’association Hip Hop Evolution. Son initiateur Abdallah Haribou et sa comparse Sophie Huvet ont commencé par accompagner les crews (équipes) sur la voie de la BOTY, la Battle of the Year, une des épreuves reines de la discipline.
Puis, peu à peu, le hip hop, cette danse de rue née dans les ghettos de New York, a trouvé à Mayotte toute sa place dans l’énergie développée par les jeunes, « j’ai commencé à m’intéresser au hip-hop en observant les jeunes faire des figures sur les plages », raconte Sophie Huvet. Hip Hop Evolution a ainsi monté de Street dancer show, qui passe actuellement dans les communes. « Les sélections ont commencé, pour une finale annoncée en avril à Chirongui ».
Plus de 1.000 « break dancers » accompagnés
Elle déroulait en préambule du spectacle Walé à Bandrélé samedi dernier, le panel d’activités proposées par Hip Hop Evolution : « Nous soutenons plus de 1.000 danseurs sur l’ensemble de l’île ». La formation au hip hop « Vagabond Lab », est maintenant rodée. Un nom décliné du Vagabond Crew du champion national Mohamed Belarbi, une des équipes les plus titrées mondialement, et qui est venu en personne les encadrer à Mayotte. Sur 3 ans, 25 jeunes suivent des cours pendant les vacances scolaires regroupés en campement sous des tentes, dans un esprit de cohésion, d’entraide, chacun participant aux tâches ménagères.
Deux autres projets sont en cours, annonce Sophie Huvet. Le premier, « Ousiriyé/ Street art » est soutenu par le ministère de la Culture, donne des couleurs aux tôles des cases dans les quartiers, et le second, Chababi Project, lance une série 100% mahoraise, qui intègre des danseurs de hi hop.
Du côté des spectacles, Outoungou avait été proposé sur la scène du cinéma Alpa Joe l’année dernière, et vient de donner une tournée en métropole. Walé également qui sera proposé cette année dans plusieurs villages de Mayotte.
« Walé », contre la stigmatisation
Ses 4 athlètes avaient investi samedi dernier la scène à ciel ouvert de Bandrélé. Sur l’idée artistique d’Assane Mohamed, dit « Assez », salarié de l’association Hip Hop Evolution, et chorégraphiés par Elena Bertuzzi, les quatre jeunes, tout de caleçons vêtus, enchainent les figures sur le rythme de plus en plus endiablée de la création musicale de Loïc Léocadie.
Mais Walé, « eux » en shimaoré, c’est aussi une vraie histoire, celle des écueils qu’a surmonté un jeune « issu de l’immigration » comme se qualifie lui-même Assez, avec ses phénomènes de bandes, ses poésies, ses violences et ses amitiés, et le regard que leur renvoie la société : « Je voulais dire ce qui m’a nourri », explique-t-il. Avec Aksam, Islah et Massondi, ils entrainent jeunes et moins jeunes dans leur sillage, au point de provoquer un spectacle spontané, un vrai spectacle de rue à l’issue, où les jeunes s’élancent chacun à leur tour pour improviser quelques figures.
Ils donneront encore 4 représentations, le 25 novembre à Handréma, le 2 décembre à Acoua, le 22 décembre à Dembéni et le 27 décembre, à Sada.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com