Dealers de bangué "c'était ça ou voler"

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Le code pénal , clé de voûte des décisions judiciaires

Ballots de bangué saisis (archive)
Ballots de bangué saisis (archive)

Deux jeunes dealers ont été jugés ce mercredi au tribunal correctionnel pour avoir trafiqué du bangué entre janvier et octobre 2016.
Les enquêteurs ont pu identifier une demi-douzaine de livraisons de bangué en provenance des Comores, contenant chacune entre 4 et 5 balais, ces branches garnies de feuilles de cannabis, d’environ 1kg chacune. Un trafic qui selon le procureur Miansoni s’en tenait à « une échelle artisanale, mais un artisanat installé et prospère ».
Outre les branches, les deux dealers avaient en leur possession du matériel de conditionnement.
Lorsque la gendarmerie a tenté d’interpeller les deux comparses à Bandraboua, ceux-ci ont pris la fuite, et ont eu le temps d’écouler une partie de leur stock avant d’être arrêtés une fois pour toute. « On faisait ça au lieu de voler » avait expliqué un des prévenus lors de son audition. Un « argument spécieux » selon le procureur qui dénonce une logique dans laquelle Mayotte est « un territoire perçu d’avance avec comme seule perspective de voler ou de trafiquer du bangué » et dénonce « une traversée dans le but d’être un délinquant, on vient à Mayotte pour faire du trafic de stupéfiants ». Tous deux sont en effet arrivés en kwassa il y a plusieurs années. Les balais de cannabis suivaient la même route avant d’être récupérés sur la plage.
Pieds nickelés
Contre les deux complices qui ne semblaient pas avoir déjà envisagé une manière légale de gagner leur vie, il a requis 24 mois de prison ferme avec maintien en détention et interdiction de territoire de 5 ans à leur sortie. Tous les deux sont en détention provisoire depuis 16 mois.
Leur avocat, Me Ibrahim, a tenté de prouver que ce n’étaient pas « des professionnels ». « La preuve c’est que mon client a passé 450 appels téléphoniques à ses fournisseurs avec le même numéro. Il a passé sept commandes et a été arrêté à la huitième » a-t-il relaté, faisant passer son client pour un pied-nickelé.
Sur l’intention délictuelle, il plaide une sorte de bonne volonté. « Aux Comores, le vol est plus mal vu que la vente de bangué » poursuit-il, expliquant qu’un voleur là bas est « au pied de la tombe » s’il se fait prendre. Il rappelait enfin que les deux prévenus ont déjà passé 16 mois en prison. « Ca fait beaucoup ».
Le tribunal a finalement prononcé une peine de 10 mois ferme. Un temps qu’ils ont déjà passé à Majicavo. Ils y sont retournés à l’issue du procès, mais sans menottes, pour y récupérer leurs affaires.

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