Hier au soir vers 17h, le bus a laissé des élèves descendre à l’arrêt de Majicavo Dubaï, quand un groupe, a surgi « de nulle part a agressé le chauffeur et les élèves à l’intérieur du véhicule, avec un bâton et des pierres », raconte Mohamadi Boina, conducteur et directeur de Haribou Transport, membre du groupement « Tama ya leo na messo ».
Avec la société Matis, gestionnaire de l’ensemble du transport scolaire, ils ont stationné l’ensemble de leurs véhicules sur le terre-plein de Mtsapéré ce mercredi matin. Cette entente pour un mouvement commun est une première depuis l’allotissement du marché du transport scolaire. Rien que sur la journée d’hier, 4 bus ont été endommagés.
« Nous nous sentons en danger ». Ils ont donc débrayé ce mercredi, aucun ramassage n’a eu lieu provoquant des tensions de la part des élèves qui ont érigé ça et là des barrages, avec un comportement violent à Koungou notamment envers les forces de l’ordre venues les déloger.
Une liste de revendications est dressée peu à peu sur un cahier. Ils demandent en tout premier lieu de pouvoir continuer à travailler malgré les vitres explosées, en apposant du plexiglas, « ce que n’autorise pas la DEAL, il nous faudrait une dérogation pour 3 mois, le temps que la commande de nouvelles vitres arrive. »
Implication des parents
La sécurité des chauffeurs est le point central : « Hier la gendarmerie a dû escorter un véhicule de Mamoudzou à Longoni, mais ils ne sont pas à notre disposition. » Pour son collègue Abdillah Mguereza conducteur et délégué du personnel chez Matis, il faut davantage de médiateurs, « mais pas des contrats aidés qui repartent dès qu’ils ont commencé à repérer le terrain et les éléments perturbateurs. D’autre part, il nous faut des parents médiateurs, on a testé à Kawéni, Majicavo et Vahibé, ça fonctionne. »
Parmi les petit groupes qui se sont constitués, ça discute pas mal, et certains pointent la responsabilité de quelques médiateurs, « un jour, il y en a un qui a demandé aux jeunes qui détenaient des armes ou d’autres objet, de sortir du bus parce qu’il y avait un contrôle de gendarmerie plus loin ». D’autre part, les chauffeurs ne veulent plus être sanctionnés pour n’avoir pas lu dans les détails la carte des élèves, « certains nous la montrent, et la passent ensuite par la fenêtre à d’autres élèves. Nous ne sommes pas des contrôleurs ! »
« Plaintes sans suite »
Ils demandent aussi un contrôleur permanent à Kahani, « tout part de là. Il suffit qu’un jeune s’y fasse agresser pour qu’il envoie un texto à ses potes qui vont le venger ».
Deux équipes d’agents de sûreté sont réclamées, sur les zones urbaine et interurbaine, en brousse, « pour encadrer un véhicule au besoin ».
Autre point financier, celui des assurances qui ne veut plus assurer… « Des contrats non renouvelés qui ont déjà fait sombrer un de nos collègues, Mansour, présent depuis 30 ans sur le marché », indique Mohamadi Boina.
Tous déposent plainte systématiquement, « mais on nous répond toujours que le jeune est mineur ou qu’il est sans papier, il n’y a pas de suite, or ce sont les mêmes qui commentent ces violences », déplore Abdillah Mguereza.
Ils attendent une réunion en urgence, et notamment un appel du conseil départemental, qui a la compétence du transport scolaire. « Je viens d’avoir l’information que le préfet tente de rassembler le conseil départemental, le procureur, l’association des maires de Mayotte, l’association des parents d’élèves et aussi les associations d’immigrés, explique le délégué du personnel, mais si nous n’avons pas des actes concrets à nous mettre sous la dent, nous poursuivrons le mouvement ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com