Alors que les actes de violence perturbent le quotidien d’une partie de la population, privant une partie des élèves de l’île de scolarisation au lycée de Kahani et maintenant à Dembéni, aucune prise de parole publique, notamment en provenance du conseil départemental, pour appeler à des mesures concrètes, et mettre son poids politique dans la balance pour aboutir à une réouverture. Aussi minimes en soient les impacts, il faut tenter, et encore une fois, Mayotte cherche le capitaine à la barre. Seule la fiscalité avait fait l’objet d’une entente pour parler d’une seule et forte voix à Paris.
Mansour Kamardine a donc interpellé Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale, le 5 septembre, par question écrite, « restée sans réponse », puis de nouveau le 19 décembre lors des questions orales, le ministre a répondu « sans tracer les voies d’une véritable politique de résolution des difficultés, ni en terme d’enseignement, ni en terme d’administration, ni en terme de sanctuarisation des écoles », explique-t-il dans un Communique Violence Education Mayotte Kamardine.
Mansour Kamardine a pourtant donné quelques pistes sur les raisons de la bouillante situation : « collèges de 2000 élèves conçus pour 900 », « taux de scolarisation de 50% des 3 ans », déficit actuel de 600 salles de classe qui implique les « scolarisations à mi-temps », et besoin quotidien d’une salle supplémentaire pour absorber l’immigration clandestine, taux d’encadrement des classes « le plus bas de France ».
Sécuriser en urgence l’établissement
« Bref, à Mayotte, les enfants les plus pauvres de France sont scolarisés, pour beaucoup, à mi-temps, dans des classes qui débordent ! La réalité est que l’école de la République à Mayotte s’est transformée en de multiples halte-garderies complètement surchargées. Comment peut-on assurer l’égalité des chances, égalité des chances dont l’éducation nationale est le garant, dans de telles conditions dégradées ? », interroge le député.
Le sentiment d’ « abandon » dont s’est plaint le personnel du lycée de Kahani est lié à une non-prise en compte « du caractère urgent de la situation ».
Le député demande « de renforcer dès février 2018 le nombre des surveillants de l’établissement afin d’assurer le filtrage des entrées et d’engager immédiatement une sécurisation pérenne de l’enceinte extérieure du lycée afin d’empêcher l’intrusion de personnes extérieures à l’établissement. La sécurité des élèves mais également des personnels de l’éducation nationale est non négociable. »
Si la crise a des origines sociétales, son règlement dans l’urgence dépend de décisions gouvernementales. Mais comme pour la crise de l’eau, à l’inertie des politiciens locaux répond celle du gouvernement.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com