Max Dubois : « Pour lutter contre le chômage, il ne faut pas créer des emplois, mais de l’activité »

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Max Dubois à Mayotte en février 2018
Max Dubois a tenu à cette poignée de main avec Sarah Mouhoussoune, "c'est un pacte que nous passons"
Max Dubois a tenu à cette poignée de main avec Sarah Mouhoussoune, « c’est un pacte que nous passons »

Face au défi du chômage de masse dans les outre-mer, Max Dubois crée il y a un mois R&DOM pour « République et Développement Outre-Mer », qu’il implante peu à peu dans les 11 territoires ultramarins français : « Le taux de chômage réel de 27% à Mayotte est le plus fort des outre-mer, en raison d’un réseau entrepreneurial faible, il y a 5 entreprises pour 100 habitants, soit moitié moins qu’ailleurs. Comme les autres territoires, les créations d’emploi sont faibles, et souvent dérivés de la commande publique », le tableau dressé est connu de tous, à part ce focus porté sur des créations d’emplois artificiels, comme les emplois aidés, « une fois que c’est fini, il n’y a plus rien ».

Il constate donc que « le chômage de masse ne se résoudra pas à travers l’emploi, mais avec la création d’activité. » Et met deux chiffres dans la balance : il y a 250.000 entreprises outre-mer, dont 200.000 sans salariés, et d’un autre côté, 350.000 chômeurs. « Donc si chaque entrepreneur est démarché pour former pendant 9 mois un apprenti, qui sera rémunéré par un dispositif existant, et accompagné en parallèle pour se former lui même, au bout d’un an, il aura développé son activité, et aura signé un contrat d’apprentissage. Ça peut très vite se formaliser dans les petits garages par exemple». On a vu en effet à Mayotte que ce secteur était le plus porteur de richesse de l’économie informelle.

Créer les yeux bandés, c’est pas du jeu

Les garagistes les plus à même de basculer vers le formel
Accompagner les petites entreprises dans l’apprentissage

Deuxième idée, créer de l’activité dans des filières nouvelles, « par exemple le numérique, mais ce sera plus long. »

Autre piste, l’économie circulaire, notamment portée par la CRESS, la Chambre régionale de l’Economie sociale et solidaire à Mayotte. Nous importons quasiment tout ce que nous consommons, « mais il n’y a pas vraiment de diagnostic sur ce qui pourrait être fabriqué sur place. Les entrepreneurs avancent à Colin-Maillard, les yeux bandés ». Il fait de l’entrepreneur une race à part, « c’est quelqu’un qui peut passer de la tête d’une boulangerie à celle d’une production d’ylang, parce qu’il a ça dans le sang, il sait s’organiser. Donc, si on le guide vers un secteur porteur, il va y aller ». Une connaissance économique du territoire que R&DOM va proposer.

Il reste un frein au développement, le financement. « Nous nous battrons pour que ceux qui joueront le jeu aient un accès facilité au crédit, peut-être grâce à un couplage avec l’Adie », rassure-t-il.

Des filières entre les 11 outre-mer

Des filières unissant les 11 territoires ultramarins
Des filières unissant les 11 territoires ultramarins

En prenant de la hauteur, Max Dubois envisage de créer des filières inter-outre-mer, « si on chaîne les filières pêche par exemple, elles pourront se serrer les coudes, se créer en conseil de l’ordre, et épauler les nouveaux arrivants. » Une inter-territorialité qu’il envisage sur les 11 outre-mer, « rendant plus facile l’obtention de prêts bancaires. » Une action qui aura une puissance dérégulatrice, « si une norme avantageuse est appliquée dans un territoire, il faut qu’elle soit généralisée aux autres puisqu’il s’agit d’une filière. »

A Mayotte, c’est Sarah Mouhoussoune, Conseillère Économique Sociale et Environnementale, ex-référente En Marche, fidèle depuis la campagne Macron, qui va gérer R&DOM, « elle a le même pragmatisme qui colle à la peau du président de la République », glisse-t-il. Qui est en train de recruter un permanent. « Nous devons sortir du maquis des aides, conditionnées, à l’âge, ou à la durée du chômage, et autre… Tous le monde doit être éligibles, de 16 à 65 ans ».

Pour être ainsi accompagnées*, les entreprises devront verser une adhésion de 60 euros par an, « soit 5 euros par mois », souligne Sarah Mouhoussoune, « et les petites comme les grosses peuvent adhérer. » L’équipe organise une grande réunion avec tous les entrepreneurs intéressés à la Chambre de commerce ce jeudi à 16h.

L’ancien homme de confiance d’Emmanuel Macron reste proche du président, et a fait part de ces propositions dans le cadre des Assises des Outre-mer, « et nous avons eu beaucoup de retours positifs. Max Dubois n’est candidat à aucune fonction élective, et reste humble, « nous n’avons rien inventé, nous organisons de manière différente. »

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

* Adhésion sur le site https://www.rdom.fr/, ou au 0639 69 88 10

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