Celui qui avait jusqu’en 2014 la compétence des équipements sportifs n’est plus. Le SMIAM n’a pas assuré, et son démembrement par le préfet Morsy a laissé des cadavres derrière lui. C’est le cas de Bandraboua où le maire nous interpelle régulièrement. Son terrain livré neuf il y a 4 ans, se délabre, ne pouvant être utilisé à la hauteur de ses prétentions : sans tribune, sans vestiaires ni toilettes, il ne peut organiser aucun tournoi officiel. « Et dire que le conseil départemental se positionne pour l’organisation des Jeux en 2023 ! », explose Soulaimana Boura.
Il est allé frappé régulièrement aux portes des ministères, « j’y suis aussi bien reçu qu’au conseil départemental, mais rien n’avance ». Le SMIAM, Syndicat mixte d’Aménagement de Mayotte, était financé à 60% par les communes et 40% par le Département. A sa dissolution, il a fallu répartir actif et passif. « Si nous sommes deux à acheter une voiture en commun, j’aurai besoin de votre autorisation pour la revendre, et toucher ma part », synthétise Soulaimana Boura qui se tourne vers le conseil départemental.
« Je ne veux pas d’argent »
Pour Mustoihi Mari, Directeur des Services techniques au Département, la commune a déjà toute latitude, « c’est un terrain communal, le maire a donc les mains libres pour entreprendre. Et bien que le conseil départemental ne finance plus les équipements sportifs à hauteurs de 90% comme auparavant, nous pouvons l’accompagner financièrement. Mais il vaut mieux qu’il soit éligible à des fonds d’Etat, comme le CNDS*, et nous ferons le complément.
Mais pour une fois, il tombe sur un maire qui ne veut pas d’argent, « je ne fais pas l’aumône au conseil départemental, je veux juste qu’ils délibèrent pour me donner la maîtrise d’œuvre. » Selon lui, le terrain n’est pas totalement communal, il est également propriété de l’Etat. « Mais quand j’ai obtenu des financements CNDS grâce à un préfet, ils n’ont pas pu être débloqués uniquement parce que je n’avais pas l’entière maîtrise d’œuvre. » Un imbroglio qu’une signature pourrait débloquer selon lui.
Un ballon de rugby qui rebondit de travers…
Un autre terrain donne des sueurs froides à une autre mairie, mais surtout au conseil départemental, celui du stade de Cavani à Mamoudzou. Sa pelouse synthétique, inaugurée en grande pompe en mai 2017, présenterait des malfaçons. Un investissement de 10 millions d’euros, cofinancé par le conseil départemental, 5,7M, et l’Etat, 3,7M€.
« Les essais d’expertise commandités par le conseil départemental sur les recommandations de Labosport, n’ont pas été concluants. Le cahier des charges est respecté pour le foot, mai pas pour le rugby, le ballon ne rebondit pas correctement », explique Mustoihi Mari. Heureusement, la maitrise d’œuvre n’a pas été réceptionnée, « l’entreprise Green Team Sport qui a réalisée la pelouse synthétique est prête à la reprendre, sa crédibilité est en jeu, mais attend la fin de la saison des pluies pour cela. »
Il faut en effet soulever la jupe de cette nouvelle couverture qui prend la teinte vert-perroquet en plein soleil, pour reformer la couche de sable déposée en dessous, « pour que le ballon de rugby ait un amorti idéal ».
Les sportifs devront encore s’échauffer avant les premiers échanges de balles qui devaient avoir lieu en milieu d’année dernière.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* Centre national pour le Développement du Sport