La Journée internationale de la femme prenait de la saveur en ce samedi 8 mars à Mayotte avec une conférence et des animations autour de la santé et de l’hygiène au féminin qui revenait sur les mauvaises habitudes de consommation prises à Mayotte.
L’animation place de Comité du Tourisme était quelque peu perturbée par deux enterrements, à Mtsapere et Kani Keli. Mais aux côtés d’un stand d’information sur le dépistage du cancer du sein, les cuisinières s’affairaient autour de grandes marmites : il s’agit de revenir d’urgence à Mayotte sur une alimentation saine, de retourner vers les fondamentaux culturels pour prévenir un diabète qui gagne de plus en plus de femmes.
Les chiffres sont mauvais : 32% d’entre elles sont obèses, contre 11% d’hommes, un quart des adultes souffre d’hypertension artérielle et une personne sur dix souffre de diabète, pire, une sur quatre après 69 ans (chiffres Enquête Maydia 2008). «Le mabawa, trop gras, est mauvais pour l’hygiène !» s’exclame Faouzia Cordjee, association Femmes leader à l’origine de cette Journée santé et hygiène, «il faut revenir aux poissons, aux brèdes (feuilles) et à la citrouille». Un résumé de la conférence qui se tenait sur le sujet, animée par Stéphanie Durette, diététicienne au réseau RédiabYlang 976.
Comme en écho à la tendance métropolitaine, «Je me nourris de la terre et de la mer» qui s’étale en gros sur les affiches, prône un retour aux traditions sur une île qui ne les a pas encore tout à fait perdues, mais où les canettes de soda, les glaces et les bonbons ont vite trouvé leurs consommateurs.
Frites et coco en alternance
Et comme il ne sert à rien de moraliser quand la gourmandise est au pouvoir, la diététicienne parlait biologie : «Si les hommes sont plus musclés, ils ont besoin d’une nourriture plus abondante, les femmes ont davantage de graisse pour alimenter un bébé qui va puiser dans ses réserves». Un avantage qui se transforme vite en inconvénient lorsqu’elle se stocke sur l’abdomen.
La suralimentation peut provoquer une profonde fatigue, la perte de la vision, une absence de cicatrisation des plaies par présence de sucre dans le sang : c’est le diabète. «Un bilan est nécessaire pour tous ceux qui ont des antécédents familiaux». Les douleurs aux hanches ou aux genoux sont les conséquences de l’obésité, désormais classée comme maladie, «elle peut nécessiter la pose de prothèses».
Une évolution de consommation d’hier à aujourd’hui, du panier au chariot de supermarché qu’une femme de l’assistance résumait par « de la santé à la maladie ! »…
Alors, exit les fritures, le mabawa et les frites ? Pas forcément, mais en les dosant : «pour les sucres, à 18 cuillerées équivalentes en banane et riz en correspondent 5 en sucre semoule, Yop ou boissons gazeuses» détaillait Stéphanie Durette, «et quand vous faites une friture, ne consommez pas du coco ensuite, l’apport en gras est trop important. La balance doit en tout cas devenir une alliée… »
Voir la vie en couleur
Les citrouilles, papayes vertes et légumes verts en tous genres étaient les rois de la conférence : «mes enfants ne veulent plus manger des brèdes», se plaignait une maman qui rejoignait là une problématique quasi universelle du peu d’appétence des plus jeunes à consommer les épinards ou poireaux… «Mélangez-les avec des pâtes !» répondait la diététicienne qui invitait à une assiette colorée pour les repas, «la digestion n’en est que meilleure !»
Faire régulièrement ses courses au marché doit (re)devenir un réflexe pour trois raisons : en plus de l’apport en vitamines, «ça coute moins cher, ça soutient les filières locales agricoles et de pêche et permet de garder des habitudes de consommation qui sont une partie de l’identité culturelle de l’île».
Dehors, ça sent bon le mhogo (poisson, manioc séché et coco), le mtsolola, ou des bigorneaux à la banane savoureux, que les femmes mettent en barquette, prêts à emporter… Un débouché potentiel, un commerce sur lequel il faut réfléchir pour les actifs qui n’ont pas le temps de cuisiner à midi.
En soirée, une dégustation était proposée au Plateau de Mbalamanga organisé par l’association « Femmes actives » alors que pendant ce temps-là se tenait la fête du football féminin organisée au stade de foot de Mzouazia par la ligue mahoraise de Football.
Anne Perzo-Lafond
* ailes de poulet