Six heures de réunion entre les organisateurs au mouvement et avec la présence des « barragistes », au cours desquelles les organisateurs indiquent n’avoir quasiment abordé que la question des barrages, « la réunion se tenait en présence des teneurs de barrages qui sont remontés », explique Fatihou Ibrahime, un des porte-paroles et leaders de la manifestation. « Remontés » comme une bonne partie des habitants qui veulent aller travailler et se sentent asphyxiés.
Tant qu’il s’agit de défendre la cause de Mayotte, le degré de supportabilité est élevé, mais avec l’annonce du premier ministre de nommer un Délégué du gouvernement « pour élaborer, en liaison étroite avec toutes les parties prenantes », donc les leaders, « les propositions pour l’avenir du territoire et l’amélioration de la vie quotidienne des Mahoraises et des Mahorais », en réponse aux demandes des manifestants, on attendait une réaction immédiate de leur part. Une main tendue sans condition, « mais son courrier s’adresse aux élus, nous avons l’impression de ne pas être concernés », relève Rivo, un autre leader.
A l’issue des échanges, décision a été prise à la majorité vers 20h ce soir, de laisser les barrages en place, mais de les ouvrir aux véhicules pour une journée, « nous permettons aux gens de s’approvisionner avec leurs voitures. Et nous allons discuter en comité restreint d’une prise de position sur le courrier du premier ministre dans le week-end », nous indiquait Fatihou Ibrahime. Par contre, pas de passage pour des bus de soignants du CHM comme cela avait été demandé, « les personnels de soin peuvent circuler à pied sur présentation de leur document de réquisition. » Le barrage de Longoni, constitué de troncs de plusieurs manguiers, « reste en place », nous indiquent les organisateurs du mouvement.
« Quelques éléments nouveaux »
De son côté, le sénateur Thani Mohamed Soilihi envoyait un communiqué de presse où il demandait la levée des barrages, comme l’avait fait le député Mansour Kamardine il y a quelques jours. Signé par les deux sénateurs et deux maires, Mohamed Majani (Mamoudzou) et Ibrahima Bourahima (maire de Chirongui), le texte (Communiqué de presse Mayotte) appelle à la raison, « il s’agit à présent de construire ». Prenant appui sur les 15 engagements de la ministre des Outre-mer et sur celui du premier ministre de « l’envoi dès la semaine prochaine d’un Délégué du Gouvernement pour Délégué du Gouvernement ».
« Nous resterons vigilants sur le respect des engagements et à leur mise en œuvre effective pour une sortie de crise salvatrice mais exigeante. A l’heure où l’Union des Comores vient à nouveau de revendiquer illégitimement sa souveraineté sur notre territoire, il nous appartient plus que jamais de lui opposer une unité ferme et déterminée », concluait Thani Mohamed Soilihi.
« Il y a quelques éléments nouveaux, conviennent les grévistes, mais nous avons besoin de décisions ».
Espérons que la guerre d’égos ne l’emportera pas sur la raison qui recommande d’entamer les négociations tant que la main reste tendue.
Une fois la décision prise d’ouverture momentanée, les leaders sont allés porter la nouvelle sur les barrages, « on a du mal à la faire accepter », indiquaient-ils en tentant de convaincre… une question de légitimité.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com