Le lagon mahorais est un terrain de jeu formidable pour les amateurs de plongée sous-marine. Si l’on recense peu d’accidents, des règles de base sont à rappeler.
Lors d’un dramatique accident de plongée lié à de l’hyperoxie, en février dernier, un second bateau était arrivé pour porter secours. Face à la gravité de la situation, ils avaient appelé les urgences, mais sans composer le numéro adéquat, ce qui avait retardé l’arrivée des secours à quai. En effet, le 1616 qui permettait de joindre le CROSS en métropole, a été remplacé depuis 2011 et n’existe pas ici.
A Mayotte, deux numéros sont utiles en cas de danger. «S’il s’agit d’un accident de plongée, ou d’un problème de santé sur n’importe quel bateau, le plus rapide est de téléphoner au 112 à partir d’un téléphone mobile qui permet de joindre directement le SAMU ou les pompiers»? indique le plongeur Jacky, Mange Be croisières.
Serge Chiarovano, chef de l’Unité Territoriale de Mayotte, qui chapeaute les Affaires maritimes, le Service phares et balises et la Capitainerie, indique de son côté que «tout appel de détresse doit se faire sur le canal 16 de la VHF. La marine nationale y assure une veille permanente et contacte alors le PC sauvetage». Un réflexe à avoir en cas de panne ou de feu à bord d’un bateau.
La réglementation impose «un moyen de communication à bord», tous les bateaux n’ont donc pas de VHF. «Et le téléphone portable a la même portée que la VHF, jusqu’à la zone des 20 miles»? indique Jacky qui rappelle qu’un panneau avec les consignes doit être affiché sur les bateaux de plongée. De son côté, il impose un briefing de sécurité avant chaque croisière et avant chaque plongée.
On dénombre peu d’accident de plongée grave sur l’île : «4 opérations ont été coordonnées en 2013, une personne est décédée dans la passe en S, et l’autre a disparu à Moya». Il s’agissait d’un jeune chasseur sous-marin muni de palmes, masque et tuba.
Un caisson multitâches
Les incidents mineurs sont plus courants, «pas forcément liés à l’oubli des paliers, mais dans le doute, le plongeur est acheminé vers les urgences», explique Bruno Fichou, du Centre de plongée de N’Gouja.
Et depuis avril 2011, les urgences du CHM sont dotées d’un caisson hyperbare. C’est un cylindre étanche en acier au sein duquel la pression est augmentée au delà de la pression ambiante (jusqu’à 2,5 bars). Ce qui a pour effet de réduire la taille des bulles de gaz présentes dans le corps du plongeur accidenté, et l’arrivée d’oxygène en facilite l’évacuation.
Mais le caisson ne sert que peu aux plongeurs, «4 ou 5 fois par an, pour les accidents graves», indique Philippe Durasnel en charge du service de réanimation du CHM. Ainsi en mars 2012, un homme avait perdu la vie lors d’une plongée individuelle avec une possible remontée sans palier, alors que son frère avait été acheminé vers le caisson avant de subir des soins intensifs.
Mais, au quotidien, l’utilisation du caisson est tout autre : «nous soignons différentes pathologies. Actuellement, deux patients sont en cours de traitement pour une fracture grave avec vascularisation des membres compromise». L’accroissement de la pression accélère en effet la circulation sanguine. «Nous avons déjà traité des intoxications au dioxyde de carbone, notamment de personnes qui avaient installé un groupe électrogène dans une pièce fermée. Il sert aussi en cas de surdité brutale».
Un caisson qui est arrivé malgré tout sur l’île pour rassurer un secteur qui doit être le fer de lance du développement du tourisme à Mayotte : la plongée sous-marine. Des professionnels compétents à Mayotte, «à partir du niveau 3 de plongée une formation est prodiguée sur les réactions à avoir en cas d’accidents de plongée», rassure Jacky.
Anne Perzo-Lafond