Âgé de 22 ans, Djouness était en détention provisoire depuis juillet dernier. Ce mercredi, au tribunal de Mamoudzou, il était jugé pour des faits de violences aggravées et de menaces, envers son père, sa belle soeur, un médecin et deux policiers dont un a dû faire usage de son arme.
Ces deux derniers sont appelés dans la soirée du 13 juillet par un homme qui leur explique que son fils se trouve à Cavani dans la rue et qu’il menace les passants avec une machette. Deux jours plus tôt, il avait déjà proféré des menaces de mort envers sa belle soeur.
Partant de Doujani, les policiers arrivent un petit quart d’heures plus tard à Cavani où ils aperçoivent un jeune homme, torse nu au milieu de la rue avec une machette dans la main. Dès qu’il voit les phares de la voiture banalisée, Djouness se rue vers le véhicule, toujours sa machette à la main, et l’agite près de la vitre du conducteur. Dans l’habitacle, un des fonctionnaires prépare son tazer. Le jeune homme voit le laser, identifie les occupants comme des policiers et prend la fuite. Les deux policiers quittent la voiture pour le poursuivre et le perdent de vue. Quelques minutes plus tard, le papa, qui avait vu son fils s’enfuir, entend trois détonations. L’un des policiers venait de retrouver le fuyard dans une ruelle. Ce dernier s’est alors précipité vers l’agent, toujours sa machette à la main. Après plusieurs sommations entendues par son collègue situé dans une rue adjacente, le policier tire à trois reprise vers les jambes de l’assaillant. Ce dernier fait encore quelques pas vers le policier avant de lâcher la machette et d’être plaqué au sol dans une mare de sang, le pied perforé par un des projectiles. « Je ne voulais pas le blesser avec la machette, affirme-t-il à l’audience, si j’avais voulu, l’étais tellement près de lui que j’aurais pu le couper, poursuit-il. » Une fois maîtrisé, il est amené à l’hôpital où il blessé un médecin, après avoir mordu un des policiers. Des faits qui détonnent avec l’image posée qu’il a tenté de vendre à la barre.
Délire de persécution
Au delà de l’intention vis à vis des policiers, l’homme nie toute menace envers son père. Selon lui, le paternel refuse de le reconnaître et aurait monté tout le quartier contre lui, y compris la police que le prévenu « voit régulièrement garée devant le magasin de mon père, ils discutent et me regardent ». Les événements du 13 juillet dernier seraient « un coup monté » dont « les policiers font partie ». « A un moment donné il faut prendre ses responsabilités et vous demander pourquoi les gens du quartier ne vous apprécient pas, recadre le président Banizette. Vous n’avez pas raison contre tout le monde, il n’y a pas de complot ».
Peine perdue, le prévenu reste persuadé d’avoir été piégé. Un des psychiatres qui l’a rencontré à l’hôpital l’a d’ailleurs qualifié de « délirant, mégalomaniaque, avec un délire de persécution, un sentiment exagéré d’estime de soi, peu d’accès à la culpabilité et une intolérance à la frustration ». Selon un autre psychiatre, son « état dangereux » n’est « pas d’ordre psychiatrique », laissant le prévenu accessible à une sanction pénale.
La « terreur du quartier » a « une personnalité qui interroge » note toutefois le procureur Miansoni qui ne relève dans le discours de Djouness « pas un mot de regret, aucune distance ». Face à ce constat « personne ici n’imagine ce monsieur rentrer ce soir à Cavani, c’est inimaginable ». Il requiert 4 ans de prison dont 3 ferme. Le tribunal prononce finalement trois ans, dont 1 avec sursis. Le jeune homme est donc reparti à Majicavo pour un an, avec l’obligation de se soigner. Sans quoi un an de plus l’y attendra.
Y.D.
Cavani : trois ans de prison pour "la terreur du quartier"
Un individu qui semait la terreur à Cavani a été envoyé pour un an au moins à Majicavo. En juillet dernier, il avait menacé des passants et son père avec une machette avant d'être immobilisé par les tirs d'un policier.