Alcoolisé au volant et sans permis, il cause la mort de son cousin

Trois jeunes en voiture ont eu un dramatique accident l'année dernière. Le conducteur, alcoolisé et sans permis, a fait une sortie de route qui a été fatale à son cousin assis sur le siège passager.

0
2071
L'affaire sordide implique six jeunes filles et un garçon
Le chauffard était en train de passer son permis mais ne l’avait pas encore

Que s’est-il passé à Miréréni le 29 janvier 2017 ? La seule vérité définitive, c’est que ce soir-là, un jeune homme est mort bêtement.
Lorsque les secours sont avisés d’un accident de la circulation, il est un peu plus de 23 heures. Les pompiers découvrent à la sortie d’un virage une Peugeot 306 encastrée dans un arbre. Il leur faut découper la carrosserie pour en extraire trois jeunes hommes. Le passager est mort sur le coup, l »impact avec l’arbre ayant eu lieu au niveau de la portière passager. Le conducteur, grièvement blessé, est evassané vers la Réunion. Il ne sortira du coma que six semaines plus tard, et cinq mois seront nécessaire pour qu’il puisse rentrer à Mayotte. « Je me suis réveillé à l’hôpital, je ne me rappelais plus de ce qui s’était passé » relate-t-il à la barre du tribunal où il était poursuivi pour homicide involontaire sur la personne de son cousin.
A l’arrière, un autre jeune a le bras fracturé. Il est le seul à garder des souvenirs de ce qui s’est passé. « On est partis de Kani-Keli pour aller à Poroani, on n’était pas ensemble avant », relate ce miraculé. Il n’est donc pas en mesure d’expliquer le déroulement de la soirée avant le départ. Ce qui est sur, c’est que les deux à l’avant avaient bu. Le chauffeur était légèrement au dessus du taux délictuel, avec 0,81 gramme d’alcool par litre de sang. « Il a donné un coup de volant pour éviter un trou, se rappelle le passager arrière, puis un autre coup de volant pour récupérer sa trajectoire. Là il a accéléré, je pense qu’il voulu freiner mais s’est trompé de pédale. » La suite, c’est la sortie de route. La voiture se déporte sur la voie de gauche, quitte la chaussée et s’encastre sur un tronc.

Le procureur Camille Miansoni

« Encore un drame de la route comme on en croise un peu partout en France, où des jeunes se retrouvent la nuit au volant, déplore le procureur Camille Miansoni. Cet accident aurait pu être vécu comme un accident qui peut arriver à tout le monde, la justice aurait pu ne pas s’en mêler. Ce qui le rend particulier, c’est l’accumulation de circonstances aggravantes. Il n’avait pas le droit de conduire, et il le savait puisqu’il était en apprentissage de la conduite. On aurait aimé comprendre comment la soirée a commencé pour en arriver à ce drame, regrette encore le procureur, notant la présence de toute la famille dans la salle d’audience. C’est cher payé pour celui qui n’est plus là et pour la famille. Le prix est lourd, irréparable, pour la famille, pour le défunt, et pour le prévenu qui devra vivre toute sa vie avec le poids de ce drame. »

« C’est dur, je me sens responsable » confirme le prévenu, penaud à la barre, et encore en peine de tenir debout suite à ses blessures. « Quand on dit qu’il faut le permis pour conduire, c’est justement pour éviter ce genre de drames » le sermonne le président Banizette, soucieux que ce drame serve d’exemple afin d’en prévenir d’autres.

Le conducteur, qui poursuit ses études mais n’a pas continué ses leçons de conduite, a écopé d’un an de prison avec sursis. « Une peine d’avertissement, pour retenir qu’on ne joue pas avec la voiture, » conclut le président.

Y.D.