Le territoire a accouché des intercommunalités dans la douleur. Pour deux d’entre elles, surtout, celle du sud a fini par sortir des limbes, celle du nord, est théoriquement morte. N’arrivant pas à trouver un compromis avec Koungou, les maires des trois autres communes, Mtsamboro, Acoua et Bandraboua, avaient fait sécession, et ont joué la montre.
En se gardant de désigner leurs conseillers communautaires, et de voter le moindre budget, ils ont volontairement tué dans l’œuf cette Communauté de Communes du Nord de Mayotte (CCNM) dont ils déploraient le contour. Ils ne veulent pas d’une présidence de Koungou, dont ils expliquent que le maire assume déjà la charge de celle du syndicat de collecte et de traitement des déchets, SIDEVAM 976. Et lui reprochent son gigantisme, qui lui vaudrait de disposer quasiment à chaque vote de la majorité, avec ses 19 conseillers communautaires, autant que les trois autres communes réunies.
Les trois mousquetaires du nord suivent à la lettre la loi NOTRe qui précise que l’absence de fonctionnement d’une communauté de communes pendant deux ans, entraine sa dissolution. C’était le cas au 28 décembre 2017, puisque ses contours avaient été validés deux ans avant, le 28 décembre 2015. Le maire de Koungou Assani Saindou Bamcolo a bien tenté de lui donner vie en créant en février 2017 une mono-intercommunalité à elle toute seule, qui votera 4 délibérations, aussitôt annulées par le tribunal administratif à la demande du préfet.
« Pendant ce temps, les autres avancent… »
Depuis, plus rien. Jusqu’à ce courrier de la préfecture daté du 9 avril dernier (Lire CCNM), adressé au maire de Koungou, Assani Saindou Bamcolo, qui mentionne que « seule la mise en œuvre d’une procédure de dissolution fondée sur le constat de l’absence d’activité, permet de sortir de cette situation de blocage ». Le préfet demande que le conseil municipal de Koungou se prononce sur cette dissolution. Qui le sera de fait faute de réponse dans les 3 mois.
Mais trois mois, c’est long. Harouna Colo, le maire de Mtsamboro, déplore cette situation qu’aurait pu accélérer une décision préfectorale accélérant la dissolution, « pendant ce temps, les autres interco avancent, et montent des projets. » Le budget n’est pas perdu assure-t-il, « nous le récupèrerons dès que nous pourrons fonctionner, nous percevons d’ailleurs chaque année celui destiné à notre participation au SIDEVAM. »
Torsions sur les règles
Et semble à la recherche d’un compromis, « j’ai dit à Bamcolo qu’il ne s’agit pas d’une séparation totale. Il suffira de s’asseoir autour d’une table et de s’entendre sur la répartition des conseillers communautaires par commune », un quota peu malléable car fonction du nombre d’habitants, « c’est vrai, mais on peut trouver un compromis acceptable, et idem sur une présidence tournante. Nous ne voulons pas exclure Koungou », conclut-il.
Assani Saindou Bamcolo, le maire de Koungou, ne veut pas entendre parler de petits arrangements entre ex-ennemis sur le nombre de conseillers communautaires : « La législation nous permet de bénéficier de 19, nous respecterons ce chiffre. En gros, dans le nord, ils veulent de Koungou mais sans les inconvénients. Le beurre et l’argent du beurre ! » L’idée avait germé un temps, de raccrocher Koungou à la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou, la CADEMA, « ce serait dommage de concentrer tout sur Mamoudzou », a depuis réfléchi le maire de Koungou qui serait absorbée dans une grosse machine.
Deux ans après, la situation semble toujours figée entre Koungou et le reste du monde dans le nord.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com