Thierry Galarme contre Flash Info : le jugement mis en délibéré au 16 mai

L'ancien président du Medef poursuivait ce mercredi en justice nos confrères de Flash Info pour injure et diffamation. La justice doit se prononcer le 16 mai dans ce dossier complexe en raison d'une législation très pointilleuse.

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Au tribunal de Mamoudzou

La justice doit décider d’ici le 16 mai si Thierry Galarme a, ou non, été inujurié et diffamé par nos confrères de Flash-Info, groupe Somapresse. L’ancien patron du Medef a assigné en justice le quotidien pour injure et diffamation, visant un article paru le 18 mai 2017.
L’article traitait de malversations présumées au sein de l’entreprise Medetram. « On dit que M. Galarme est coupable d’abus de biens sociaux, qu’il détourne des fonds à des fins personnelles » analyse Erik Hesler, avocat de Thierry Galarme qui cite notamment cette phrase : « une administration aléatoire et cavalière ».

Erik Hesler

« M. Galarme estime avoir été injurié et diffamé et demande 10 000€ de dommages et intérêts à chaque prévenu », poursuit-il.
L’accusation d’injure publique porte sur des termes de l’article, qui faisait état de « boulimie » et de « mégalomanie ».
Les deux prévenus sont le rédacteur de l’article, et le directeur du journal.
Dans son argumentaire, Me Hesler argue du fait que « Être libre de s’exprimer est une chose, en abuser est autre chose. On peut écrire mais pas n’importe quoi, c’est parce que la liberté de la presse est cadrée qu’elle a du sens. »
Pour la défense, Me Ibrahim a plaidé la relaxe pure et simple. Il juge l’article « très léger, on a vu pire que ça. En outre on avait proposé à M. Galarme un droit de réponse, il l’a refusé » affirme l’avocat, répétant à quatre reprises cette phrase.
Selon lui, ces poursuites avaient un but politique, alors que les élections à la tête du Medef approchaient.
Revenant du droit, l’avocat rappelle les conditions pour qu’un article ne soit pas condamnable. « Il faut avoir poursuivi un but légitime, n’avoir pas d’animosité personnelle, s’appuyer sur une enquête sérieuse et tenir des propos mesurés et prudents ». C’est l’exception de « bonne foi ». Il existe aussi « l’exception de vérité » qui implique de prouver sous 10 jours que les propos tenus sont la pure vérité.
Selon le conseil de nos confrères, « le but légitime était d’informer les cotisants, il n’y a jamais eu d’animosité personnelle, il y a bien eu une enquête sérieuse et il n’y a pas eu de volonté d’entacher M. Galarme. » Concernant les propos prudents, il cite dans l’article l’expression « malversations supposées ».
Daniel Rodriguez, président du tribunal, se donne trois semaines pour trancher

« Je vous demande de ne pas mettre à mal la presse sur ce territoire » plaide-t-il, estimant qu’en cas de condamnation « la presse n’aura plus le droit d’exister, on n’aura plus de journaux à Mayotte ».
Après presque un an de rebondissements dans cette affaire, les juges se sont donné trois semaines pour trancher sur le fond. L’affaire avait déjà été renvoyée à quatre reprises. En droit de la presse, la prescription n’est que de trois mois, ce qui oblige à relancer la procédure dans ce délai sous peine de voir les faits prescrits.
Le droit de la presse est un domaine extrêmement pointilleux, où la moindre erreur de procédure conduit à la nullité des poursuites. Les trois semaines de réflexion ne seront donc pas de trop pour étudier l’affaire tant sur le fond que sur la forme, et vérifier tous les détails.
Y.D.