Ils ont fait la fierté de Mayotte en remportant la médaille d’or et d’argent dans le handball masculin et féminin, lors des jeux de la CJSOI (Commission de la Jeunesse et des Sports de l’Océan Indien) qui ont eu lieu du 20 au 28 avril dernier à Djibouti. Deux médailles qui ont valu à l’île la 6ème place au classement, derrière la Réunion. Pour célébrer les victoires, les 94 athlètes de la délégation de Mayotte ont été reçus samedi matin au Conseil Départemental pour une cérémonie officielle. Tous ont eu droit à une récompense et à des mots de remerciement de la part des élus, qui ont souligné comme les efforts de ces jeunes sportifs offrent une image autre et positive de Mayotte. En plus des sacoches distribuées à tous les participants aux Jeux, les deux équipes médaillées ont reçu un sac de sport et des chaussures et ont eu droit à des longs applaudissements.
Des belles victoires et de beaux souvenirs
Inés-Maéva Mira, 17 ans, et Taouadjida Fadhuili, 15 ans, font partie de l’équipe féminine de handball.
Médaille d’argent au cou et grand sourire, elles avouent que la deuxième place sur le podium a été une vraie surprise. « Notre but, en partant, était de gagner contre les filles de Madagascar. Pour nous elles étaient trop fortes ! », se souvient Inés-Maéva. Et c’est sur cette équipe qu’elles sont tombées pour leur premier match : « Elles étaient vraiment fortes », explique Taouadjida, « mais on s’est vite rendu compte qu’on pouvait les battre ». La vraie surprise a été l’équipe de la Réunion : « Elles ont un tout autre niveau », admettent les deux Mahoraises sans complexe et avec beaucoup d’admiration. La rencontre sportive leur a d’ailleurs permis de discuter avec elles, ainsi qu’avec les jeunes des autres délégations, notamment ceux de Maurice et des Seychelles, et de partager de très bons moments en dehors du terrain. La bonne ambiance et la bonne humeur leur ont laissé un très bon souvenir de cette expérience, malgré quelques problèmes d’hygiène sur place. « Au début, on n’avait pas de lits pour tout le monde, ni de l’eau », déplore l’entraîneur de l’équipe, Romain Gay, mais la fierté pour les résultats accomplis et la belle aventure ont fait vite oublier les problèmes aux Mahoraises. Taouadjida Fadhuili a même décidé de devenir une handballeuse professionnelle. Une idée qu’elle avait déjà depuis un moment mais elle manquait jusque-là d’assez de confiance en elle pour réaliser son projet.
Sébastien Bacar, 17 ans, médaille d’or affichée avec assurance, veut aussi se professionnaliser. Il envisage d’intégrer bientôt un centre de formation en Métropole.
Du côté des garçons, la victoire ne faisait aucun doute dès le départ : « Nos concurrents directs, les Réunionnais, n’étaient pas là, donc on savait qu’on allait avoir la première place ». Le seul adversaire qui leur a demandé beaucoup d’efforts et de concentration a été Djibouti : « Ils sont beaucoup plus grands que nous. On a dû jouer sur notre vitesse et notre intelligence et on a gagné », sourit-il. Vétéran des Jeux, Sébastien a apprécié le fait que tous les sportifs logeaient dans le même hôtel, contrairement à 2016. L’occasion pour lui et ses compagnons d’échanger avec les autres équipes avant de rentrer le 1er mai à Mayotte, où tous les jeunes ont été accueillis chaleureusement. « Dans mon village on nous a organisé un banquet ! », s’exclame Taouadjida Fadhuili. Et à Sébastien d’assurer : « Chaque joueur, de retour chez lui, a fait beaucoup parler du Handball », une admiration qui devrait susciter des nouvelles vocations parmi les jeunes mahorais.
Une délégation privée de tricolore
Seul regret, les équipes n’ont pas pu monter sur le podium avec le drapeau français. La délégation a même défilé sans le tricolore lors de la cérémonie d’inauguration et de clôture des Jeux.
C’était la condition imposée pour que Mayotte participe à la compétition en tant que pays à part entière et non, comme initialement annoncé, sous la bannière France-Océan Indien avec les athlètes de la Réunion. Une option « inacceptable » d’après le président du CROS Madi Vita, qui a pris la parole pendant la cérémonie de samedi. « Cette configuration, on a pu la voir en 2001 et à l’époque le résultat a été que les Réunionnais étaient sur le terrain et les Mahorais chauffaient les bancs », a-t-il-rappelé avant de relancer le débat sur le drapeau qui l’a poussé à choisir de ne pas accompagner la délégation à Djibouti. M Vita a également souligné que les conditions dans lesquelles Mayotte a obtenu deux médailles (contre 13 en 2016) sont exceptionnelles. « Nous n’avons pas régressé », a-t-il-insisté « et si nous avons cédé la 5ème place aux Réunionnais, il faut quand même rappeler que les tout derniers, ce sont les Comoriens ! ». Une exclamation qui a provoqué les rires satisfaits de tous les présents.
LN