Vendredi soir, des jeunes de Kawéni se sont rendus à Passamainty pour disputer un murengue. Ce genre de danse de combat de type « capoeira » a cours dans les villages, mais l’une d’elle avait dégénéré il y a quelques jours lorsqu’un policier avait reçu une pierre lui occasionnant la perte de son œil.
Et ce vendredi soir, la manifestation a de nouveau dérapé lorsque plusieurs jeunes ont caillassé des voitures. C’est donc logiquement que, samedi soir, la police nationale intervenait pour empêcher la tenue d’un nouveau murengue. Le Collectif de Doujani, doté de chasubles fluo, est également intervenu s’en prenant à des jeunes, qui ont riposté, « un habitant est aux urgences en soin intensif, il aurait pris un coup sur la tête », nous expliquait le commandant de police nationale Stéphane Demeusy ce dimanche.
A la suite de cet incident grave, ce dimanche matin, une partie des habitants de Doujani et des membres du Collectif, environ une centaine de personnes, se sont rendus sur la colline entre le village et le quartier Saïd Kafé, pour déloger des habitants qu’ils accusent être de la famille des jeunes délinquants. Six bangas ont été détruits. Une opération qui s’est terminée vers midi. La plupart des habitants avaient été avertis de l’action, et avaient fui leurs cases, mais une dame qui n’avait pas voulu quitter son banga, a reçu un coup de bâton.
Nous sommes de nouveau dans des actions où les habitants se font justice eux-mêmes, avec tous les risques de violences, d’erreur sur les auteurs des faits et de débordements, qui en découlent. Les Collectifs ont été créés à l’origine pour assurer la sécurisation des quartiers par les habitants eux-mêmes, mais certains semblent outrepasser leur champ de compétence, et pourraient tomber dans des comportements proches de celles des milices.
Plusieurs policiers se sont rendus ce dimanche soir à la mosquée de Doujani pour expliquer aux habitants qu’ils sont là pour faire respecter la loi, notamment l’interdiction des murengues sauvages.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com