Des chaises, des tables, des chèvres, une télé grand écran plat, encore des chèvres… c’est une longue cohorte qui descend des hauteurs de Kawéni. Les habitants qui occupaient illégalement le terrain quittent peu à peu les lieux après un épisode mouvementé au petit matin. C’est l’aboutissement d’une procédure longue et couteuse, menée par la famille Batrolo propriétaire du terrain. Cette fois, l’expulsion est massive puisque 80 famille seraient concernées, selon la police.
Toute la nuit, les marteaux et les perceuses ont résonné, « les habitants cherchaient à récupérer les tôles, mais à quoi ça sert de les déloger, si ils repartent avec le matériel sous la main pour les replanter ailleurs ! », s’exclame le commandant Demeusy, risquant un parallèle, « c’est un peu comme si on laissait repartir un pilote de kwassa avec son bateau ».
La tractopelle stoppée net
Au petit matin, lorsque la tractopelle est entrée en action pour démolir les tôles, les habitants ont opposés une résistance active, explique-t-il, stoppant l’opération, « nous avons été obligé d’intervenir ». Une famille nous rapporte que des grenades lacrymogène ont été tirées, en nous montrant une blessure sur le haut de la cuisse de leur petit garçon qui a été pris en charge par les pompiers. Une femme aurait également été blessée au pied.
Les habitants essaient de sauver les meubles, en déposant leurs biens dans un banga adjacent. D’autres repartent avec un matelas sur la tête. Pour où ? « On ne sait pas trop, nous répond l’un d’eux, peut-être à Majimbini, sur les hauteurs de Convalescence. »
Nous nous sommes tournés vers la préfecture pour avoir des précisions sur leur relogement : « Des propositions d’hébergement temporaire ont été faites, mais la plupart des familles a refusé. Une grande majorité rejoint des connaissances ou des membres de la famille. Une petite partie a été éloignée, car en situation irrégulière sur le territoire. Nous tentons actuellement d’empêcher ceux qui veulent s’installer ailleurs de le faire ».
La police nationale obtenu un appui de la gendarmerie en milieu de matinée.
A.P-L.