C’est une réunion qui paraissait sortie aux forceps dans la salle de réunion de la mairie de Koungou. D’abord, parce que le bureau d’étude Mzé conseil, retenu pour ce projet, prévenait que le périmètre des 30 hectares de Zone d’Aménagement concertée sise à Longoni en était encore au stade de projet, avec des contours encore flous de ce qui sera mis dans le panier. Ensuite parce qu’à l’inverse, le projet de lycée qui y est intégré, est déjà très avancé, et qu’il apparaissait que l’annonce de la ZAC permettait vraisemblablement de figer celle du lycée.
La conseillère départementale de Koungou Raïssa Andhum ne cachait d’ailleurs pas sa surprise face à un projet qu’elle découvrait, d’autant qu’elle est en charge de l’Aménagement au Département : « Je pensais assister à une 1ère réunion technique sur ce projet, or, je m’aperçois qu’il a déjà avancé. » On est loin de la complicité entre élus qui règne à Bandrélé.
L’aménagement de toute une parcelle au niveau du Douka Bé du village de Longoni, englobant les vestiges de l’usine sucrière, se fera sous forme de ZAC, pour la souplesse qu’elle procure : « Sur un projet qui peut mettre 10 à 15 ans pour aboutir, avec notamment les études d’impact, la ZAC permet de conserver une maîtrise continue des financements et une adaptabilité dans le temps », expliquait le bureau d’étude.
Un internat de 100 places
Il s’agirait d’un 2ème pôle urbain du territoire après Kawéni-Mamoudzou, avec des logements sociaux, des commerces, et donc, un lycée. Le vice-rectorat est dans les starting blocks. Tout semble paramétré. Pour la vice-recteur Nathalie Costantini, « c’est une opportunité terrible pour Koungou, alors que toutes les communes n’auront pas leur lycée. » Et soulignait la qualité de réalisation des collèges et lycées à Mayotte.
Destiné à pallier les « mauvaises conditions de travail et d’examen qu’offre depuis 2010 » le lycée professionnel de Dzoumogné, l’établissement proposera plus qu’une alternative, puisque le projet est plus vaste.
Le lycée sera général technologique et professionnel tourné vers les métiers du bâtiment, avec une capacité de 1.800 élèves, là où Dzoumogné en accueille 700, et de 300 enseignants. Il sera doté d’un internat de 100 places, d’une salle polyvalente et d’infrastructures sportives, « qui pourront être mises à disposition des jeunes de la communes ». Moyennant la signature d’une convention de fonctionnement pour maintenir l’état des locaux, « une collaboration qui fonctionne très bien à Majicavo ». Un investissement de 70 millions d’euros.
Un village à périmètre variable
Nathalie Costantini l’a répété à plusieurs reprises, « nous avons besoin de démarrer rapidement », eu égard aux conditions de Dzoumogné qui se dégradent. Pour cela, un concours d’architecte doit être lancé, et une validation par le conseil municipal.
Si le projet se monte, il intègrera une clause sociale, « pour que les élèves s’approprient leur établissement », ces futurs bâtisseurs construiront eux-mêmes la Maison des lycéens « qui sera la leur ».
Un lycée qui accueillera l’ensemble des jeunes du territoire souhaitant intégrer ces filières, ce qui laissait le représentant des habitants de Koungou dubitatif, « qu’est ce que ça va rapporter aux jeunes de la commune ? » Une vision à petite échelle qui recevait malgré tout une réponse adaptée, « moins de trajet pour aller vers leur établissement scolaire, pour ceux qui y seront inscrits », et à la question « Ne va-t-on pas importer des violences de l’extérieur ? », faisait lâcher à la vice-recteur, « avant d’être des élèves, ces jeunes sont nos enfants. Et quand on arrêtera de dire ‘tel jeune est de tel village’, on aura gagné ! »
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com