Depuis le 15 mars 2018, la Police aux frontières (PAF), la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) et la gendarmerie ont effectué 512 interpellations qui ont conduit à 597 éloignements et départs volontaires.
Mais problème, depuis hier, l’Etat Comorien refuse d’accepter ces retours. « Ce mercredi soir, le Gombessa a dû repartir vers Mayotte avec 95 passagers embarqués », nous confirme Michel Labourdère, à la tête de la compagnie SGTM qui assure la liaison entre les îles de l’archipel des Comores, à raison de 600 rotations par an. C’est essentiellement par ses navires que sont procédés les reconduites à la frontière.
Il rapporte que ce mercredi 21 mars, une note générale d’interdiction de reconduite « à destination des autres îles sœurs », a été émise par la vice-présidence en charge du ministère des Transports de l’Union des Comores. Elle s’adresse aussi aux compagnies aériennes, et le justifie « en raison de la crise sociale qui prévaut dans l’île comorienne de Mayotte ». Sans limitation dans le temps, « jusqu’à nouvel ordre », est-il mentionné.
Possible coup de frein à la LIC
Ce n’est pas la première fois que l’Union des Comores exerce ainsi ce moyen de pression. Ses dirigeants estiment en effet que Mayotte étant Comorienne, ses ressortissants peuvent aller et venir comme bon leur semble. Un blocage qui leur permet d’obtenir régulièrement une compensation de l’Etat français.
Cette fois-ci, et selon nos confrères de Mayotte 1ère, l’exécutif comorien aurait compensé sa menace par l’annonce d’un contrôle des kwassas en partance d’Anjouan. Si l’information se vérifie, ce serait une grande première, initiée il faut le dire par la Feuille de route Franco-comorienne qui a tant fait parler d’elle. L’information est en tout cas reprise par le journal Al-watwan.
A la connaissance de Saïd Bakar Abdourahim, Secrétaire général de l’exécutif de Ngazidja (Grande Comore), que le JDM a contacté « la mesure de contrôle du flux migratoire partant a bien été prise par le ministre de l’intérieur chez nous depuis quelques mois, à l’occasion des échanges sur la feuille de route. De notre côté, nous ne notons que très peu de départs depuis Grande Comore ou Mohéli. »
Nous avons tenté de contacter l’Ambassade de France aux Comores, où « personne ne peut répondre », nous faisait-on savoir.
Le problème va se poser de pouvoir accueillir ces personnes refoulées, surtout dans un contexte de chiffres record d’interpellation d’étrangers en situation irrégulière en cours. Si le Centre de Rétention Administrative de Petite terre peut accueillir 136 personnes, il va vite être saturé. Les Locaux pour rétention administrative (LRA) sont donc actuellement sollicités, soit une cinquantaine de places entre la zone d’attente du CRA, la gendarmerie et les locaux du quai Ballou (Petite Terre).
Un événement qui pourrait freiner la vaste opération en cours de Lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com