Si Etienne Pottier arrive en août 2017 à Mayotte avec sa compagne pour prendre les rênes d’une antenne locale de Pôle emploi, il chausse aussitôt ses crampons pour quelques passes sur le terrain de sport de sa commune, Koungou, pour y pratiquer son sport favori, le foot. « Là, je découvre un terrain de poussière, des jeunes qui jouent pieds nus, sans matériel pour s’entrainer », se souvient-il.
Il ne se dit pas « c’est Mayotte ! », mais cherche à améliorer le quotidien de tous. Il rencontre rapidement Djamil Abdallah, Chargé de l’administration du Club USCJ de Koungou, et sa compagne Anaïs Treton entre au bureau comme secrétaire adjointe.
Cela fait longtemps que Djamil Abdallah gère ce club de 160 adhérents, dont une équipe sénior, et les U18, U15, U 13, U11 et U9, entraînés par un Brevet d’Etat bénévole. « Nous n’avons pas de vestiaires, pas de local pour entreposer les quelques plots d’entrainement », nous rapporte-t-il. Il assure que le maire les accompagne, « il a fait installer l’éclairage sur le stade en 2016, et il nous suit sur ce projet. »
Un terrain qui suit les saisons
Car Etienne Pottier a fait le pont entre son ancienne équipe de métropole, l’US Méral-Cossé, en Mayenne et le club de Koungou. Un accompagnement est en train de se monter. Tout d’abord, ses 20 ex-coéquipiers vont se rendre à Mayotte du 23 juin au 1er juillet 2018 en finançant en grande partie leur déplacement. Tournois, matchs de gala le 30 juin, déplacements, échanges culturels, les 6 autres villages de la commune seront également de la partie.
Mais l’objectif est de pourvoir le club d’infrastructures : « Nous avons estimé les besoins prioritaires à un vestiaire, un système d’arrosage de la pelouse et une zone de stockage du matériel d’entrainement », explique Djamil Abdallah. Un appel à sponsoring est lancé, auquel il est possible de répondre via leur page Facebook. Colas a déjà répondu présent en fournissant des containers pour les vestiaires, « mais il va falloir les aménager ». un embryon de réponse au constat que rapporte Etienne Pottier, « les équipes ultramarines n’arrivent pas à percer sur le plan national ».
D’autre part, la mairie a promis d’installer un point d’eau, « comme l’oblige d’ailleurs la législation dès qu’un terrain accueille plus de 10 personnes », mais il va falloir installer un système d’irrigation pour que le terrain n’ait pas deux couleurs, vert à la saison des pluies, et poussière à la saison sèche.
Des ballons et des cahiers
Les scolaires vont aussi en bénéficier, puisque le sport doit également être mis à l’honneur dans l’école de Koungou Plateau, « l’établissement où l’on trouve le plus d’enfants défavorisés », glisse Tanchiki Maoré, qui fait une courte apparition en tant que sponsor, via la société MAP qu’il dirige, mais aussi l’hôtel Trévani dont il est cogérant, et qui va héberger les joueurs Mayennais. D’autres enseignes participent à l’aventure, Mayotte Protection Incendie, Optique du Lagon, ETPC.
La liste des besoins pour l’école s’étend aux manuels, aux cahiers et aux crayons, « les maires n’ont plus l’obligation de fournir le matériel, la CAF ayant pris le relais en versant une allocation aux parents. Mais beaucoup d’entre eux n’y ont pas accès, on ne peut pas laisser les enfants comme ça », plaide Djamil Abdallah.
Il estime œuvrer dans un domaine essentiel : « A Mayotte, il n’y a pas de centre de loisirs, et peu de distraction. Le seul endroit où on peut occuper ces jeunes, ce sont les plateaux sportifs, et ils sont sous-équipés. Si nous abandonnons, ils vont errer et sombrer dans la délinquance. Un comble alors que le Département prétend à l’organisation des Jeux des Iles ! »
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com