Mayotte se dote d’un Centre pénitentiaire

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Exit la seule Maison d’arrêt. L’évolution vers le Centre pénitentiaire qui avait fait tant de bruit est achevée depuis ce lundi 14 décembre. Une capacité d’accueil qui a triplé en 5 ans, presque de concert avec la délinquance dans l’île.

Le quartier des détenus-hommes
Le quartier des détenus-hommes

Le 10 juin 2014, une première étape avait été franchie avec l’ouverture de la Maison d’arrêt sur de nouveaux locaux, présentés un peu plus tôt en janvier à la presse, nouvelles conditions de travail pour les agents, et d’incarcération pour les détenus.

La nécessité de construire un nouveau bâtiment pour y transférer les détenus, pour détruire l’ancien et reconstruire les derniers locaux aboutissant à un Centre pénitencier avait expliqué cette opération en deux étapes.

Ce sont donc 75 détenus, qui ont été transférés dans les nouveaux quartiers lundi matin de 8h à 10h, dont ceux des mineurs et des femmes, sous la surveillance de deux véhicules de gendarmerie. Portant la capacité d’accueil de l’établissement à 278. Difficile de dire si cela sera suffisant : fin 2009 déjà, la prison née en 1995, recevait 256 détenus pour une capacité théorique de 90 places. Or, la délinquance n’a fait que croitre depuis…

En fonction de la durée de la peine

Christiane Taubira et Nathalie Boisseau devant la Maison d'arrêt le 15 octobre 2014
Inauguration de la Maison d’arrêt par la ministre Christiane Taubira le 15 octobre 2014

Désormais, le Centre de détention pourra accueillir 152 personnes, et la Maison d’arrêt 126.

Deux entités différentes qui appellent une petite explication lexicale. Les centres pénitentiaires sont des établissements mixtes. Ces prisons regroupent plusieurs quartiers qui peuvent donc comprendre à la fois une maison d’arrêt et un centre détention.

Au sein des maisons d’arrêt séjournent des prévenus, c’est-à-dire les personnes en attente de jugement, ainsi que des personnes condamnées définitivement et dont les peines restant à purger sont inférieures à deux ans.

Les détenus condamnés à une peine supérieure à deux ans et qui présentent des perspectives de réinsertion sociale peuvent accomplir leur peine dans un centre de détention.

La Maison d’arrêt de Majicavo a une capacité de 76 places pour les hommes, de 14 pour les nouveaux arrivants, de 6 pour les femmes et 30 pour les mineurs. On y compte 5 cellules disciplinaires , dont une au quartier des femmes, 3 cellules d’isolement et une cellule de protection d’urgence.

Directeur sur le départ…

Une cellule individuelle
Une cellule individuelle

La bascule vers le nouveau centre pénitentiaire devait se faire le 5 octobre dernier, mais un mouvement social avait dû la différer. On se souvient que les agents avaient alors bloqué pendant plusieurs jours les grilles d’accès à l’établissement pour réclamer une prime de 12.000 euros dans le cadre de l’évolution vers un Centre pénitentiaire.

Le préfet Seymour Morsy était intervenu et la situation s’était apaisée sur place. Les représentants des syndicats CGT et FO ont été reçus le 9 décembre au Ministère des Outre-mer par Hubert Moreau, Directeur interrégional de la mission des services pénitentiaires de l’Outre-mer, qui avait déjà négocié avec eux pendant le conflit. Une discussion dans un contexte de départ du directeur actuel, qui doit être remplacé dans quelques jours. C’est le directeur adjoint Elhadji Faye, qui assure l’intérim.

… Et aucune certitude sur la prime

Les étages et le patio central
Les étages et la nef

Des discussions ont eu lieu au MOM sur la prise en compte de l’ancienneté du personnel dans la reconstitution des carrières, « mais nous serons logés à la même enseigne que les autres fonctionnaires de Mayotte », indique Ismaël Chanfi, UDFO. Un effort pourrait être fait cependant sur le point d’indice, défavorable aux anciens qui se retrouve après 20 ans de carrière, au même niveau d’ancienneté qu’un petit jeune, « il y aura peut-être des possibilités de promotion en interne. »

C’est à Paris que l’ouverture officielle du Centre Pénitentiaire ce lundi leur a été annoncée. Quant à la prime, elle sera portée à l’ordre du jour du prochain Comité technique de l’Administration pénitentiaire, mais Ismaël Chanfi reste dubitatif, « nous n’y aurions pas droit, car il faudrait alors retraiter tous les dossiers des prisons où il y a eu une reconstruction. »

Les détenus vont pouvoir pleinement investir les lieux de leur nouveau Centre pénitentiaire aux cellules parées de couleurs chatoyantes. Ce qui ne devrait pas être pour leur déplaire, un ancien directeur du précédent bâtiment vétuste ne disait-il pas déjà au représentant de l’Etat : « Chez moi monsieur le préfet, il y a aussi des tunnels autour de la prison, mais c’est pour y entrer ! »…

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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